samedi 21 août 2010

Roms : communiqués du PCF et du collectif Romeurope.


Les Roms sont des citoyens européens depuis 2007. Ils ont des droits que la France a l’obligation de respecter.

Les pathétiques gesticulations sécuritaires d’Hortefeux n’y changeront rien. Nous sommes face à un risque humanitaire majeur. Leur situation sanitaire et sociale ne peut se régler à coup d’expulsions spectaculaires, de démontage de campement pour les journaux télévisés du soir. Ces pratiques d’un autre âge doivent cesser. La situation des Roms est bien connue. Chassés de ville en ville, de pays en pays, ils sont fragilisés, précarisés et de ce fait les premières cibles de toutes les formes de trafic. Le degré de civilisation d’une société se mesure au sort qu’elle réserve à ses membres les plus fragiles. Au vu de la situation que subissent les Roms, ce n’est pas vraiment glorieux pour l’Union européenne. Au lieu de se repasser les populations comme une patate chaude, il est de première urgence que l’Europe et les États qui la compose décident enfin d’engager les moyens pour mettre fin à cette situation qui n’a que trop duré. Un plan de sédentarisation à l’échelle européenne des populations Roms doit être organisé au plus vite. Seul l’accès de la population Roms à l’autonomie, à l’éducation, aux services publics, au travail est capable de changer réellement la donne. Les collectivités territoriales ne peuvent seules affronter cette question qui est avant tout une compétence de l’État. Tout autre mesure, telle la stratégie du bouc émissaire que cultive notre gouvernement à satiété pour masquer ses échecs successifs, ne fait que mettre de l’huile sur le feu, à défaut de gagner du temps. Parti communiste français - Paris le 18 août 2010


COMMUNIQUE DE PRESSE DU COLLECTIF ROMEUROPE
DU 22 JUILLET 2010


Roms : N'inversons pas les responsabilités !


Le Collectif Romeurope exprime ses plus vives inquiétudes suite aux déclarations du Président de la République après les événements dramatiques intervenus à Saint Aignan (Loir-et-Cher) et dénonce l’amalgame fait entre les Gens du voyage et les Roms et la stigmatisation de ces deux populations.
Alors que le Gens du voyage sont des français qui ont la particularité de vivre en caravane et d'être itinérants toute ou partie de l’année, les quelques 15 000 Roms présents en France sont essentiellement venus de Roumanie et de Bulgarie, citoyens européens bénéficiant de la liberté de circulation en France.
Mais le Gouvernement français a imposé, au moment de l'entrée en 2007 de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l'Union européenne, des mesures transitoires qui excluent en pratique les ressortissants de ces deux pays du marché de l'emploi et des prestations sociales. Ne pouvant travailler légalement ni avoir des ressources régulières, ils sont contraints de vivre dans de véritables bidonvilles ou abris précaires.
Depuis le début de l'été, les expulsions de familles Roms de leurs lieux de vie se multiplient partout en France, dernièrement à Saint Denis ou encore à Dunkerque, avec pour seules alternatives une nouvelle errance ou une aide au retour au pays d'origine. Ces éloignements « volontaires » aident à gonfler les statistiques du Ministère de l'Immigration artificiellement car nombre de ces « expulsés » peuvent – fort heureusement- revenir en France dans les semaines qui suivent. Ces familles sont ainsi, en fait, seulement déplacées d'une commune à une autre, dans une précarité croissante.
Abroger ces mesures transitoires pour ces citoyens européens et leur permettre un libre accès à l'emploi, mobiliser les dispositifs existants de droit commun pour les accompagner dans leurs projets de vie, et mettre en oeuvre le droit à un habitat digne pour tous par la construction massive de logements accessibles pour répondre à la crise du logement, seraient une meilleure réponse que d'en faire les boucs émissaires d'une politique sécuritaire inefficace.
Qu’il s’agisse des Gens du voyage ou des Roms, il est urgent que le gouvernement cesse de confondre des situations et des actes avec les origines des personnes concernées.
CONTACTS : Malik SALEMKOUR, 06-07-12-64-37 Stéphane LEVEQUE, 01.40.35.00.04

vendredi 13 août 2010

Je rentre dans mon pays à cause du climat raciste en France.


Par SAE | ingénieur ( pris sur le site de RUE 89)

Depuis près d'un an (avec le lancement du débat sur l'identité nationale), plusieurs membres du gouvernement et de la majorité se sont succédés avec des amalgames, des propos racistes à peines voilés.

En tant qu'immigré marocain, je vis toutes ces déclarations et lois sécuritaires qui visent particulièrement la communauté musulmane (et depuis quelque temps les gens du voyage et les Roms) comme une profonde humiliation. Et c'est pour ça que je rentre chez moi… Et je ne suis pas le seul.

Je suis ingénieur, 25 ans, gagnant 2 700 euros net par mois, je n'ai jamais été arrêté ni même contrôlé de ma vie, je suis athée (agnostique pour être précis), j'adore le saucisson, la bonne bière, le rugby et passe mes étés à faire la tournée des festivals. Je ne fais donc pas partie de la catégorie de personnes visée par les attaques populistes de l'UMP.

Toutefois, deux phénomènes ont été, à mes yeux, clairement aggravés par ces propos décomplexés.

1. Le premier est que les gens (Français) ne comprennent pas pourquoi c'est blessant pour moi d'entendre des blagues racistes.

Evidemment, j'ai toujours eu droit aux blagues racistes depuis mon arrivée en France. J'en riais, mais je me suis cependant toujours gardé le droit de remettre les personnes à leur place quand leurs blagues sont blessantes et/ou pas drôles.

Depuis un an, je ne supporte plus les blagues racistes. Le fait qu'un ministre de l'Intérieur fasse une de ces blagues montre à quel point les clichés sont profondément implantés dans l'imaginaire français. Et le fait que l'on me rapporte à un cliché m'est devenu insupportable.
2. Le second point est le regard de « la petite vieille » dans la rue. Son regard est plus vif. Son sac est plus serré entre ses bras. Ses jambes bougent plus vite quand je passe trop près.

Et, personnellement, je comprends cette dame ou ce monsieur (parce qu'un homme peut très bien correspondre au concept de « la petite vieille ») qui, en ouvrant son journal ou en allumant sa télé, entend que la délinquance est liée à l'immigration, que le jeune musulman n'a pas de travail, que l'islam est incompatible avec les valeurs de la France… Moi-même j'ai peur d'y croire.

Resté en France après les études

Je fais partie de la communauté des étudiants étrangers restés en France pour travailler après la fin de leurs études. Cette communauté est loin d'être négligeable en écoles d'ingénieurs. Dans la mienne (une des grandes écoles françaises), la proportion d'étudiants marocains (qui n'ont pas la nationalité française) dépasse les 15%. Je retrouve une proportion de 10% dans le milieu du travail.

Mes connaissances rapportent des proportions équivalentes (entre 10% et 15%) parmi leurs collègues dans les domaines des télécoms, de l'informatique ou encore dans la finance. Le Maroc est ainsi un gros fournisseur d'ingénieurs à la France (je n'ai néanmoins pas connaissance de chiffres précis).

Cependant, de plus en plus de ces personnes repartent dans leur pays d'origine. En effet, le gouvernement marocain investit massivement dans des politiques encourageant le « nearshoring » [délocaliser à proximité, ndlr], notamment dans le domaine des nouvelles technologies.

Ces politiques impliquent un appel d'air pour les ingénieurs. Le marché du travail des ingénieurs est d'ailleurs très demandeur. Des anciens camarades d'école ont pu obtenir des salaires approchant les 20 000 dirhams net par mois (dix fois le Smic ! ) à la sortie de l'école d'ingénieurs.

La dynamique du pays (la situation est à étendre à d'autres pays) est telle que la croissance est de 5%. Ce chiffre est à comparer avec la situation économique actuelle.
Agnostique et mal à l'aise

Je suis parti du Maroc parce que la liberté de culte n'y est pas respectée… Mais elle ne l'est pas plus en France. J'ai quitté le Maroc pour plusieurs raisons. La première est qu'à mon adolescence, je me suis rendu compte que j'étais agnostique, ce qui est profondément incompatible avec la pratique de l'islam de ma famille et de la société marocaine dans son ensemble.

La deuxième est le vide culturel et artistique de la société marocaine. Je rêvais, en effet, de pouvoir jouer de la musique, assister à des concerts, aller au cinéma, assister à des expositions et visiter des musées.

Ma ville natale (Agadir) en manquait terriblement. Il n y avait qu'une salle de cinéma insalubre qui ne passe que des blockbusters âgés de quelques années. Il n y avait ni musée ni expositions. Et le seul style de musique est la musique populaire ou la musique électronique qui passe en boite (et je n'aime ni l'un ni l'autre des styles).

Là encore, les choses changent. La libéralisation des mœurs est en cours, les jupes raccourcissent, les bars sont bondés, les festivals se créent continuellement, et des groupes de rock, de rap ou de reggae gagnent en notoriété. On est évidemment loin de la richesse et de la diversité de la culture française mais la culture marocaine est en pleine évolution. Les Marocains sont de plus en plus ouvertement athées et le modèle familial leur donne plus d'indépendance.
« Ma tête et mon prénom feront toujours de moi un musulman »

D'un autre côté, en France, je suis considéré comme musulman. Mon entourage ne comprend pas que je puisse être agnostique avec mon prénom (Mohamed). On ne comprend pas pourquoi je ne fais pas le ramadan. En deux jours, j'ai dû entendre une dizaine de fois, sur le ton de la blague, que je « finirai en enfer ».

Ma (non) confession n'est pas acceptée, parce que mon origine marocaine, ma tête et mon prénom feront toujours de moi un musulman en France. C'est pour cela que je me sens visé par toutes les attaques directes ou indirectes contre l'islam en France.

Ma décision est prise. Je rentre définitivement au Maroc en 2011 puisque les raisons de mon départ du Maroc n'ont plus lieu d'être et les raisons de mon bien-être en France s'estompent.

De plus, je pense que je ne suis pas le seul à avoir pris cette décision. Mais cela reste à quantifier, parce qu'un arabe qui rentre chez lui, ça va, c'est quand il y en a beaucoup qui rentrent chez eux que ça ne va plus.

mardi 3 août 2010

BP, la marée noire, la démocratie bourgeoise et l'écologie politique - par Roland Fodé Diagne


L'explosion sur un forage pétrolier au large de la Louisiane, à l'origine d'une pollution sans précédent dans l'histoire (le pétrole jaillit avec la force et le débit d'une véritable volcan sous-marin, et continuera à jaillir pendant plusieurs années face à une technique encore impuissante) pousse Roland Diagne à tirer trois leçons sur le fonctionnement du capitalisme, qui « porte en son sein la destruction de l'environnement comme la nuée porte l'orage »...

Depuis le 20 avril dernier le pétrole se répand dans le golfe du Mexique. L’écosystème des marécages de Louisiane (sud), un lieu de reproduction pour les poissons, crabes et crevettes qui représentent 2,4 milliards de dollars par an pour l'industrie de la pêche et du tourisme, est bouleversé.
Du milieu des années 1990 au milieu des années 2000, BP s’est rebaptisée Beyond Petroleum (« Au-delà du pétrole »), après la fusion avec Amoco en 1998, en proclamant vouloir faire de l'exploitation des hydrocarbures une « industrie propre ». BP collabore ainsi avec la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement et des organisations non gouvernementales, comme Amnesty International, pour mettre en œuvre « l'oléoduc le plus vert possible ».
Puis, pour être plus « compétitif » que ses concurrents BP a réalisé le forage le plus profond de l'histoire pétrolière, à plus de 10 000 mètres de fonds et a fait pression sur ses salariés pour accélérer les travaux parce que chaque journée de retard dans l’exploitation lui coûtait un million de dollars (820.000 euros). Telles sont les circonstances qui ont précédé l'explosion qui a fait onze morts et provoqué ce que d’aucun appelle déjà la plus grande marée de l’histoire des Etats Unis.
Trois leçons sur le fonctionnement du capitalisme peuvent en être déduites :
1 – « La concurrence et la compétitivité » sont les moyens pour obtenir le maximum de profit, ce qui conduit inévitablement les monopoles capitalistes à la destruction de l’environnement, de l’écosystème. Le capitalisme porte en son sein la destruction de la nature comme la nuée porte l’orage.
2 - La filiale de BP Etats Unis est, comme toutes ses consœurs pétrolières, un lobbyiste actif qui achète le vote des élus Républicains et Démocrates. En 2009, elle a dépensé 16 millions de dollars en « arrosages » pour obtenir le droit de se lancer dans l’aventure sans garantie de sécurité de l’exploitation du pétrole à 10.000 mètres de profondeur sous marines. La démocratie bourgeoise, c’est la liberté de la toute puissance du pouvoir de l’argent.
3 – Les monopoles capitalistes soutiennent et financent les campagnes idéologiques des associations et organisations écologistes tendant à culpabiliser le citoyen consommateur ainsi rendu responsable de la pollution. L’objectif est d’éviter la prise de conscience que c’est la propriété privée des banques et des entreprises qui est la source véritable du profit à tout prix y compris au prix de la destruction de la force productive humaine (exploitation) et de la nature.

* Diagne Fodé Roland est membre du secrétariat politique de Ferñent / Mouvement des Travailleurs Panafricains – Sénégal. Il milite également en France au sein de la Coordination Communiste 59-62.

Brigade anti- vieux 2