mardi 28 septembre 2010

retraites : Amplifier le mouvement jusqu’à la victoire


Manifestation pour les retraites ce samedi 2 octobre à 14h30 Porte de Paris à Lille (métro mairie de Lille)
A la guerre sociale menée contre nos droits a répondu une gigantesque mobilisation fraternelle et solidaire.

Le rejet du projet du gouvernement est clair, net et massif. Le peuple français doit être entendu !

Fillon oppose un « non ferme et tranquille » aux manifestants. Le mépris du premier ministre cache mal la fébrilité du gouvernement, alors que 3 millions de personnes ont dit leur refus de cette réforme et leur obstination à ne rien lâcher.

Le gouvernement misait sur le découragement des salariés et le passage en force à l’Assemblée nationale. Il doit se rendre à l’évidence. Le rejet de son projet est plus que jamais clair, net, et massif. Plus aucune catégorie de la population ne fait exception. L’arrogance, le mépris, la mise au pas du Parlement, ça ne passe décidément pas !


A la suite de la rencontre intersyndicale du 24 septembre au siège de la CGT, deux nouvelles journées de mobilisation et de manifestation ont été décidées le samedi 2 octobre et le mardi 12 octobre.

Le PCF appelle les citoyen-ne-s et l’ensemble du peuple français à amplifier le mouvement engagé, jusqu’à la victoire contre le projet gouvernemental.

Samedi 2 et mardi 12 octobre, soyons tous dans la rue, avec les syndicats, pour opposer un « non ferme » au gouvernement ! Nous pouvons gagner.

Le PCF soutiendra toutes les actions de lutte décidées par les salariés et leurs syndicats dans l’unité. Jour après jour et dès le 5 octobre au Sénat, les initiatives doivent se multiplier : carte postale à envoyer massivement à l’Élysée ; signature de la pétition autour du projet de loi alternatif élaboré par les parlementaires communistes et du Parti de Gauche qui a déjà recueilli plus de 150.000 signatures...

Un autre financement des retraites est possible, qui garantisse pour toutes et tous, un véritable droit à la retraite à 60 ans, avec une pension décente. Les parlementaires communistes, au Sénat après l’Assemblée, restent entièrement mobilisés aux côtés des salariés. Ils prendront toutes les initiatives nécessaires pour continuer à porter la voix du mouvement engagé dans le pays.

Le dossier des retraites doit être repris à zéro sur d’autres bases que celle de recul de l’âge légal du droit à la retraite. Le développement d’emplois de qualité pour toutes et tous, la réorientation des richesses créées par le travail vers les salaires et le financement d’une protection sociale solidaire, la mise à contribution des revenus financiers gâchés sur les marchés boursiers peuvent être les bases solides d’une autre réforme, plus juste et plus efficace contre la crise.

Adressons à Nicolas Sarkozy un message clair : « Assez, nous ne lâcherons pas ! ».

jeudi 23 septembre 2010

Trois millions de manifestant-es pacifistes et déterminé-es face à un gouvernement inquiet et sur la défensive


Des cortèges plus fournis, des mouvements de grèves plus suivis dans le secteur privé, les syndicats parviennent, avec la journée de mobilisation du 23 septembre, à élargir la contestation contre la réforme des retraites du gouvernement.

Cent vingt mille personnes ont défilé à Toulouse, comme à Bordeaux. Ils étaient, selon les syndicats, 220.000 à Marseille et près de 300.000 à Paris, des chiffres supérieurs au 7 septembre. Globalement, les manifestations ont fait le plein hier, lors de la deuxième journée de mobilisation contre la réforme des retraites organisée depuis la rentrée. La CGT annonce plus de 3 millions de manifestants réunis dans 230 cortèges, la CFDT en comptabilise 2,9 millions, plus donc qu’il y a 15 jours. Tous ont noté comme l’a signalé Bernard Van Craeynest, président de la CFE-CGC, « un réel renouvellement des manifestants ». Il n’y que la police pour faire baisser la statistique et comptabiliser 997.000 personnes dans les rues contre 1,12 millions le 7 septembre.

Les défilés, la plupart très dynamiques, ont rassemblé plus de salariés du secteur privé, plus de femmes, plus de jeunes, montrant que les syndicats ont atteint un de leurs objectifs : enraciner la contestation dans le secteur privé et dans des publics pour qui il n’est pas toujours facile de faire grève ou de venir manifester. « C’est quand même un événement que de constater qu'une semaine après le vote à l'Assemblée nationale d'un texte profondément rejeté dans le pays, la première des réactions soit une présence massive dans les rues », a constaté Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT. Tandis que François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, se targue, tout sourire, d’un « pari gagné ». Pour Pierre Laurent, il est clair que « la rue a parlé et elle est unanime. » Le secrétaire national du Parti communiste estime que « le gouvernement a perdu la bataille de l’opinion ».

L’Elysée n’a pourtant pas manqué de se délecter, tôt dans la matinée, d’une « baisse sensible» du nombre de grévistes dans le secteur public. Les taux de grévistes, qui restent forts, ont effectivement légèrement fléchi. La CGT-cheminots a recensé jeudi 49,85% d’agents en grève contre 51,8% le 7 septembre (37,06% contre 42,9%) pour la direction. Chez les enseignants, le taux s'élève à 55% dans le primaire et 45% dans le secondaire selon la FSU (25,8% pour le ministère). Le nombre de grévistes est en baisse de 5% parmi les postiers (mobilisés tout de même à 30% selon Sud). A pôle Emploi, par contre, l’appel à la grève à mobilisé autant que la dernière fois. Elle a été particulièrement suivie dans le transport aérien avec, en moyenne, 40% d’annulation de vols et jusqu’à 50% à Orly.
Si le président de la République en conclut que les Français « considèrent que tout cela est déjà derrière eux », les leaders syndicaux préviennent Nicolas Sarkozy qu’il vaudrait mieux réviser ce jugement. « Je conseillerai au gouvernement de s’inquiéter », grince jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO. Ce 23 septembre rassemble un public plus large que le 7 septembre. Il confirme le basculement de l’opinion publique contre son projet et un ancrage de la contestation dans le secteur privé. Entre 50 et 80% des personnels des six raffineries Total sont, par exemple, en grève, chiffres de la direction. En Isère, quelques 60 entreprises de la métallurgie, de Péchiney à Alcan, en passant par Caterpillar, Citroën, Thales ou Valeo ont observé entre 2 heures et une journée de grève. La CGT du commerce parisien a fait savoir que dans ce secteur la grève a été « plus suivie » que le 7 septembre, chez Monoprix, Tati ou aux Galeries Lafayette notamment. A Paris, une douzaine d’entreprises, du public comme du privé, ont organisé une manifestation pendant le pause déjeuner « parce qu’il n’est pas toujours possible de rejoindre la manifestation parisienne ». Jean-Luc Mélenchon ne s’y est pas trompé : dans le cortège parisien le président du Parti de gauche s’est félicité d’un « mouvement qui s’enracine dans le privé, là où c’est le plus dur de faire grève ».

Les responsables syndicaux tirent donc comme principal enseignement de cette journée que « la contestation grandit », selon les propos de Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. L’intersyndicale, qui se réunit vendredi matin devrait décider d’une nouvelle journée d’action pour samedi 2 octobre, peut-être décider d’une date supplémentaire quelques jours après, qui prennent en compte l’arrivée du projet de loi au Sénat. La discussion parlementaire devrait commencer le 5 octobre. D’ici là, les salariés sont appelés à se mobiliser, en France, dans le cadre de la journée européenne contre l’austérité organisée par la confédération européenne des syndicats.

Paule Masson

dimanche 19 septembre 2010

Tous en grève le 23 septembre contre la réforme des retraites!













MANIFESTATION 14h30 Porte de Paris à LILLE

Après l’extraordinaire mobilisation interprofessionnelle du 7 septembre et 2,75 millions de manifestants dans toute la France, le gouvernement n’a fait que des modifications marginales de son texte et poursuit l’offensive contre l’ensemble des salariés. L’amplification de la mobilisation est plus que jamais nécessaire pour faire reculer une réforme aussi injuste et pour obtenir des mesures justes et efficaces afin d’assurer la pérennité du système de retraites par répartition et une retraite à 60 ans à taux plein!

lundi 13 septembre 2010

Une approche intéressante du nomadisme par Henriette Asséo


"Le nomadisme sans frontière est un mythe politique", selon l'historienne Henriette Asséo
LE MONDE - 04.09.10 | 16h57 •

Depuis la fin du Moyen Age, l'histoire des Tziganes se confond avec celle des nations européennes où ils vivent, explique l'historienne Henriette Asséo, professeure à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Tziganes, Roms, Manouches, gens du voyage… On se perd dans les dénominations. Pourquoi cette diversité ?

Chaque Etat a incorporé à sa langue nationale une terminologie pour qualifier "ses" Tziganes. En France, depuis le XVIe siècle, avant que ne se généralise l'expression "gens du voyage", le terme habituel était "Bohémien" et le mot savant, forgé par les philologues du XIXe siècle, "Tzigane". Les Anglais parlent de Gypsies, les Espagnols de Gitanos, les Italiens de Zingari. Dans l'Empire des Habsbourg, le vocable allemand Zigeuner l'a emporté sur tous les autres.

Après 1860, les Etats d'Europe centrale et les Balkans ont, à leur tour, nationalisé leurs populations tziganes sous les termes tchèque de Cikan, hongrois de Cigany, etc. Dans les provinces historiques de Roumanie – la Moldavie et la Valachie –, gouvernées par des princes chrétiens sous domination ottomane, les Tziganes, esclaves jusqu'en 1857, étaient appelés Tsigani. A chaque terme employé correspond ainsi une réalité historique ancienne et diverse.

Pourquoi certaines dénominations ont-elles une connotation péjorative ?

En Europe, dans les années 1907-1910, des "politiques tziganes" répressives, adoptées quasi simultanément dans chaque pays, créent des statuts collectifs d'enregistrement. La terminologie devient dépréciative. A la diversité anthropologique antérieure succède une unification administrative des termes. En France, par la loi de 1912 – celle qui institue le carnet anthropométrique –, tous les Français enregistrés sous le "régime des nomades", qu'ils aient été ou non des Tziganes au sens culturel du terme, deviennent des Romanichels ou des "vagabonds ethniques". C'est à partir de 1969 que s'impose l'expression "gens du voyage", toujours en vigueur.

Le terme "Rom" semble l'emporter sur tous les autres. Pourquoi ?

Dans les années 1970, les intellectuels de l'Union romani, issus du bloc soviétique, ont créé un mouvement politique international. Ils ont choisi le terme générique "Rom" pour désigner toutes les communautés tziganes d'Europe. Après la chute du mur de Berlin en 1989, les institutions européennes ont forgé une sorte de novlangue autour des Roms. Combien de fois avons-nous pu lire que les dix millions de Roms actuels forment la plus importante "minorité transnationale" d'Europe ?

On voit comment l'instrumentalisation des termes forge un mythe politique : celui d'un nomadisme tzigane sans frontière. Cela contribue à la "déterritorialité" historique. Pourtant, 80 % des Tziganes n'ont jamais bougé depuis le XVIe siècle.

Si ce n'est pas le nomadisme, qu'est-ce qui fédère les différents groupes ?

On touche au paradoxe tzigane essentiel : comment une culture dotée d'une langue, de traditions familiales, d'une cosmogonie a-t-elle pu perdurer sans le support de traditions savantes ? La langue, le romani, est jusqu'à nos jours au cœur de la structuration anthropologique, même dans les familles où elle n'est plus d'usage vernaculaire. Un tchatcho rom (un "vrai Rom") parlera de son monde, de ses relations, en évoquant le cercle de mare roma (ses Roms) ; il parlera po romane (pour les siens), et pas po gadgikane (pour les gadjos, les non-Tziganes).

Et l'origine indienne remontant au Xe siècle, dont on parle habituellement ?

L'idée que les Tziganes sont issus d'une migration unique est en vogue. Mais outre qu'elle fait appel à un organicisme douteux, elle est absurde en termes de démographie historique. La langue romani atteste de l'enracinement des Tziganes en Europe à la fin du Moyen Age. Elle est, comme la majorité des langues de notre continent, indo-européenne. Mais ses caractéristiques les plus intéressantes sont la composante néo-persane, du IXe siècle, et l'importance du vocabulaire grec, qui prouve une longue présence dans l'Empire byzantin.

Pourquoi apparaissent-ils en Europe occidentale seulement au Moyen Age ?

Le Moyen Age est une période d'intense mobilité et d'accueil des étrangers – pour peu qu'ils soient chrétiens. Les ancêtres des Tziganes font partie des royaumes byzantins concurrents à partir de 1270 (la principauté de Morée, l'empire de Trébizonde, etc.), alliés les uns à Venise, les autres à l'empereur, d'autres encore à la monarchie espagnole. Les Tziganes, sous les noms d'Aegyptianos ou de gens cinganorum ("Egyptiens" et "Tziganes"), sont un élément des migrations balkaniques du Moyen Age vers les péninsules italienne et ibérique. Leurs chefs ont circulé dans toute la chrétienté avec des sauf-conduits ecclésiastiques ou impériaux, frappant l'imagination. Le Journal d'un bourgeois de Paris décrit l'arrivée, en 1427, de ces cavaliers "de terrible stature".

Pouvez-vous résumer la géographie de l'implantation ?

Entre le XVe siècle et le XVIIe siècle, l'implantation actuelle est acquise. Elle ne change plus, au moins jusqu'au début du XXe siècle. La première migration, celle des Gitanos d'Espagne et des Zingari de l'Italie du Sud, est massive, urbaine, sédentaire. En Italie, ils s'intègrent dans des corporations, notamment celle des métaux. Les Zingari ont été assimilés mais les Gitanos, eux, forment encore une des communautés tziganes les plus importantes.

Dans les territoires des Habsbourg, c'est une présence sédentaire mais rurale. Les Tziganes sont attachés aux domaines seigneuriaux. Leur statut est différent, supérieur à celui des paysans, et ils sont autorisés à prendre le nom de leur maître : Karoliy, Lakatos ou encore Szarközi.

L'âge d'or dans les Etats d'Europe, mythe ou réalité ?

C'est une tout autre histoire. Dans les Etats princiers comme la France, la Suède, la Prusse, l'Ecosse ou l'Angleterre, la Pologne ou le duché de Piémont, les Bohémiens forment des compagnies militaires, qui circulent au gré des lignes mouvantes de la guerre. Les hommes excellent dans l'art militaire, leurs femmes dans l'art divinatoire (le "mestier de Bohémienne"). Avec l'ambivalence des représentations : une intégration à la culture baroque et une méfiance ecclésiastique. On identifie la Zingara ou la Bohémienne par son code vestimentaire. Peinture, ballets de cour, opéras, elle devient un archétype de la culture occidentale, de Cervantès à nos jours.

Ont-ils toujours été persécutés ?

Oui et non. La fin du XVIIe siècle clôt un "certain âge d'or". Prenons quelques exemples. Une pluie d'édits détruit les compagnies bohémiennes. Louis XIV, en juillet 1682, pour réduire sa noblesse frondeuse, condamne les Bohémiens aux galères et interdit aux seigneurs de les accueillir. Le triptyque savant de l'époque – érudits, clercs et légistes – emboîte le pas et produit l'archétype du "Bohémien errant".

En Espagne, une rafle générale des Gitanos a lieu en 1749. La logique n'est pas la même : il s'agit de normaliser l'Hispanidad en interdisant une culture gitane prospère – les Flamencas.

Une partie des Tziganes parvient pourtant à stabiliser sa généalogie. Elle forme la souche des familles manouches ou sinti, demeurées itinérantes. Le philosophe Kant a ainsi utilisé les informations du Zigeuner Christoph Adam, qui se disait "Tzigane allemand", et qui n'était autre que l'un des ancêtres de Django Reinhardt.

Et au XXe siècle ? Que dire du carnet anthropométrique, créé en 1912 ?

La loi française de 1912 s'intègre dans la création d'une "politique tzigane" européenne. Entre 1910 et 1930, tous les Etats européens mettent en place un régime administratif d'exception fondé sur des fichiers anthropométriques, photographiques et généalogiques.
Le "régime des nomades" français s'applique aux familles entières, de façon transgénérationnelle. On naît et on meurt sous le regard de la gendarmerie, des préfectures, des brigades mobiles, enfermé dans un statut, quels que soient l'occupation, le mode de vie. Le carnet anthropométrique d'une simple ouvrière en vannerie compte 200 pages et 2 000 visas ! "Le curriculum vitae du nomade", peut-on lire dans le Journal de la gendarmerie en 1914.

Quel est le sort des Tziganes durant la seconde guerre mondiale ?

Cette question est au cœur de la nouvelle historiographie du génocide, car elle touche à la généalogie de l'obsession raciale des nazis. Dès 1933, toutes les grandes villes d'Allemagne ont ouvert des camps d'internement (Zigeunerlager) et à partir de 1936, Himmler radicalise la politique anti-Tziganes, dite Zigeunerpolitik. La "science raciale" impose des critères généalogiques plus sévères encore que pour les juifs: si un seul des grands-parents est repéré comme Zigeuner, l'ordre de détention "préventive" est donné.

Dans le Grand Reich, 90 % des familles sont exterminées. Le décret du 16 décembre 1942 ordonne leur transfert à Auschwitz-Birkenau, où est créé un "camp de familles". Mengele va y mener ses expériences médicales. Dans le reste de l'Europe occupée, les recensements des années 1930 ont facilité les rafles. Chaque Etat collaborateur ou satellite a persécuté ses Tziganes nationaux. Au total sont exterminées au moins 300 000 personnes sur 1 à 2 millions, entre 40 % et 90 % selon les régions.

La France occupée constitue-t-elle un cas particulier ?

Oui. Le 6 avril 1940, un mois avant l'invasion des troupes allemandes, les familles enregistrées dans le "régime des nomades" sont assignées à résidence. Elles sont les principales victimes de l'ordonnance allemande du 4 octobre 1940, qui demande aux autorités françaises d'arrêter les Tziganes en zone occupée. 6 500 personnes de nationalité française sont internées en famille dans trente "camps pour nomades", dont cinq situés en zone libre. Les plus importants sont ceux de Montreuil-Bellay, Jargeau et Poitiers ; les conditions y sont terribles car il y a une majorité d'enfants.

Y a-t-il eu une reconnaissance après la guerre ?

Les "nomades" sont les derniers internés administratifs à être libérés en 1946, pour aussitôt être réenregistrés dans le "régime des nomades". Longtemps après la guerre, les démarches administratives pour obtenir le statut d'interné politique n'ont été soutenues par aucune institution ; ils sont peu nombreux à l'avoir acquis. En 1969, le carnet anthropométrique a cédé la place au carnet de circulation, imposé à des Français désormais enregistrés comme "gens du voyage". On a créé de nouvelles formes de discrimination légale, dont l'absence de carte d'identité et des restrictions au droit de vote.

A l'Est, quelle est leur situation sous les régimes communistes ? Change-t-elle après la chute du Mur ?

L'héritage communiste est doublement dramatique. La première raison est sociale : on interdit aux Roms, à partir des lois de 1958, leur culture et leurs modes de vie. Ils deviennent des "citoyens d'origine tzigane", ouvriers dans les complexes industriels de type stalinien. Les Roms sont les laissés-pour-compte de la transition. Prolétarisation dans les ghettos, expropriation : ces conditions favorisent un mouvement migratoire.

La seconde raison est politique. Dans une démocratisation inégalitaire, où les nationalités sont manipulées comme en Yougoslavie, l'intelligentsia romani a de grandes difficultés à imposer sa participation à la vie politique. Les partis d'extrême droite, comme le parti Jobbik en Hongrie, appellent ouvertement à la "solution finale" de la question rom. Ces discours risquent de contaminer la vision occidentale.

Comment l'historienne que vous êtes analyse-t-elle la conjoncture actuelle ?

Comme au début du XXe siècle, on est en train, de manière concertée et sur un plan international, de transformer des groupes sociaux, diversement discriminés dans leur pays et n'ayant aucun lien entre eux, en une catégorie politique unique, ethniquement responsable de sa discrimination. On retrouve aujourd'hui les deux volets de la "politique tzigane" : la disqualification de nationaux, chez nous les "gens du voyage", et la création d'un ennemi commun, le "vagabond ethnique", une figure policière internationale récurrente, à la fois visible et insaisissable.

Chose étrange, cette offensive intervient au moment même où, en France, la politique dite de reconnaissance semble avancer : le matin du 18 juillet 2010, Hubert Falco, secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants, a rendu un hommage national aux internés tziganes de France lors de la commémoration de la rafle du Vél' d'Hiv. Et grâce à l'acharnement d'un instituteur, Jacques Sigot, les vestiges du camp de Montreuil-Bellay viennent tout juste d'être classés monument historique.

Propos recueillis par Mattea Battaglia

Pour en savoir plus :

- Les Tsiganes. Une destinée européenne, d'Henriette Asséo, " Découvertes ", Gallimard, rééd. 1994, 160 p., 14 €.

- Les Tsiganes en France, un sort à part, 1939-1946, d'Emmanuel Filhol et de Marie-Christine Hubert, Perrin, 2009, 398 p., 22 €.

- Ces barbelés que découvre l'histoire, Montreuil-Bellay, 1940-1946, de Jacques Sigot, " Cages ", Ed. Wallâda, 2010, 416 p., 30 €.

- Les Tsiganes ou le Destin sauvage des Roms de l'Est, suivi du Statut des Roms en Europe, de Claire Auzias, Marcel Courtiade, "Documents", Ed. Michalon, 2001, 130 p., 13,72 €.

- Tsiganes. Sur la route avec les Roms Lovara, de Jan Yoors, Phébus, 2004, 288 p., 8,90 €.

- Le Vent du destin. Manouches, Roms & Gitans, de Michèle Brabo, Seuil, 2005, 140 p., 30 €.
La revue Etudes tsiganes : www.etudes tsiganes.asso.fr

mercredi 8 septembre 2010


Pour le Front de Gauche, le progrès, c'est d'abord bâtir une société où chaque être humain peut vivre dignement. La production actuelle des richesses permettrait largement d'atteindre cet objectif si celles-ci n'étaient pas détournées par une minorité à son profit.

La situation d'extrême précarité et d'extrême pauvreté qui est aujourd'hui celle de l'immense majorité des Roms et des gens du voyage, mais aussi d'une fraction de plus en plus importante de citoyens sédentaires (chômeurs, travailleurs pauvres, personnes âgées ou jeunes sans ressources…) ne doit rien à la fatalité mais tout à un système économique d'exploitation qui sévit, tant dans les pays d'origine des populations immigrées que chez nous. Ainsi le département du Nord est en tête, à la fois de la précarité et de la pauvreté mais aussi des familles imposées sur la fortune...

C'est la même politique d'accumulation des richesses par une minorité, et donc, notamment, de cadeaux fiscaux aux riches, qui entraine des suppressions de postes massifs dans l'Education Nationale ou des reculs sociaux graves sur le pouvoir d'achat des travailleurs ou les retraites.

Contrairement à l'amalgame scandaleux fait par Nicolas Sarkozy et son gouvernement, la chasse aux Roms, qui connait dans notre ville une actualité, a donc peu de rapport avec les problèmes de sécurité publique. Elle en a, en revanche, avec de sordides manœuvres électoralistes. Elle relève surtout de la volonté de masquer l'extension de la misère et de trouver des boucs émissaires au mal vivre qui s'étend dans le pays. Cette démarche xénophobe est périodiquement utilisée à l'encontre de tous les immigrés.

Pour le Front de Gauche, au-delà de la nécessité éthique d'apporter son soutien à une population aujourd'hui stigmatisée, au-delà de la nécessité humanitaire de donner à ceux et celles qui se retrouvent dans le plus grand dénuement des conditions minimum de survie, la meilleure façon d'avancer vers des solutions justes, dans la solidarité français-immigrés, est de se dresser contre cette politique de marginalisation et de répression qui se marque aussi, entre autres, par une aggravation de la chasse aux sans-papiers, les menaces de déchéances de nationalité ou la "loi Besson".


Pour le Collectif

Marc Delgrange


lundi 6 septembre 2010

la politique du gouvernement français vis-à-vis des Roms vue par la presse espagnole

















Photo tirée du journal espagnol El País de ce lundi 06/o9/2010.Les empreintes symbolisent le fichage systématique des Roms repartant"volontairement"pour plus d'info, voir le site du GISTI.


Manifestación en Rumania contra las expulsiones de gitanos.
La protesta se desarrolla ante la Embajada francesa en Bucarest.Naiara Galarraga, que cubre el acto, explicaba en este reportaje el estigma que sufren los gitanos en su propio país:

Manifestation en Roumanie contre les expulsions de gitan-es. La « protesta » (manifestation )se passe devant l'ambassade française de Bucarest.Naiara Galarraga, qui couvre l'évènement, expliquait dans ce reportage la stigmatisation subie par les gitan-es dans leur propre pays. (Foto:Reuters)

Brigade anti- vieux 2