samedi 11 mai 2013

Marinaleda ,un village dangereux pour certains, chargé d'espoir pour beaucoup d'autres.


Une île au milieu des oliviers et des caciques:Marinaleda.



Marinaleda: une utopie qui se réalise.(à la fin de l'article des vidéos et un diaporama)

Cela faisait quelques années que nous rêvions d'aller à Marinaleda. Et nous y sommes allés.C'est un village andalou tout blanc situé entre Séville et Cordoue, plus exactement entre Estepa, Osuna et Écija, sur les latifundios des terratenientes andalous.C'est à dire, l'Andalousie des journaliers :
 « chômeurs et chômeuses de profession »
Mais un village a résisté, a gagné et continue de lutter : Marinaleda.
C'est ce que nous allons essayer de vous raconter.
Cliquez sur la date pour lire la suite


J'ai contacté la mairie de Marinaleda qui m'a mise en contact avec Antonio, un habitant de Marinaleda qui loue des chambres aux curieux touristes militants que nous sommes: lors de notre séjour, nous avons rencontré des journalistes français: Jean Ortiz par exemple, des journalistes norvégiens, des sympatisants-es du Front de Gauche. Ils ont logé pour certains -es dans les autres chambres louées 15 euros par Antonio, qui a travaillé en France il y a très longtemps. Il nous a beaucoup aidé dans la compréhension de la vie quotidienne du village de presque 3000 habitants-es.

Tous les matins, les femmes balaient devant leur porte non pas pour suivre un rôle traditionnel féminin mais parce qu'elles l'ont décidé pour participer de l'effort municipal car la région ne donne que quelques subsides pour entretenir la ville.
Le premier matin, alors que nous avions garé notre voiture devant la porte d'un voisin, nous avons bien vu que cela le dérangeait. Je suis allé le voir en lui demandant où nous pouvions la garer car je pensais que c'était interdit devant les emplacements face aux maisons. Il a répondu qu'ici rien n'appartenait à personne. Nous nous sommes donc garés sur ces emplacements.

Les prix très bas aussi bien aux bistrots qu'aux petits magasins du coin nous ont intrigués. Il n'y a pas encore de grandes surfaces.Des petits commerces bien répartis dans la ville ou nous pouvons acheter les tee shirts révolutionnaires ou utopiques de Marinaleda aussi !
La vendeuse de timbres non, elle elle vend la crucifixion du christ.
L' avenue de la liberté plantée d'orangers traverse Marinaleda. Les arbres ont été plantés par les habitants eux-mêmes, un régal au niveau des papilles olfactives.
Au bout de l'avenue se trouve un autre village: Matarredonda qui fait maintenant partie de la municipalité aussi.
A l'origine il n'y avait rien: mais il a fallu plus de main d’œuvre paysanne et les caciques ont fait venir la main d'oeuvre d'Estepa qui ont crées ces lieux de vie. Au départ des baraquements et une survie quotidienne.Aujourd'hui,ce sont des Marilanédiens et Marilanédiennes fiers de te saluer. Pas tous certes mais une majorité.
L'une des premières choses a été de changer le nom des rues : Allende, Neruda, García Lorca, Boabdil ,La Libertad ,La Solidaridad, La Igualdad et bien sûr la rue Che Guevara.
Cela fait plaisir de voir ces noms de rue. Nous nous sentons un peu chez nous! Cela change des Franco et autres fascistes.
Nous avons visité deux lieux importants : d'abord : le moulin à huile qui fut construit sur le lieu de la lutte : à El Humoso,ex grande propriété terrienne à quelques kilomètres de Marinaleda:17 .000 hectares pris au duc de l'infantado après 10 ans de lutte.
Avant, les journaliers ne travaillaient que 2 mois dans l'année. Aujourd'hui il y a 5 permanents au moulin à huile et les autres travaillent quasiment toute l'année. Les bénéfices sont réinvestis.
La conserverie fait partie aussi de la coopérative. Elle est née aussi des luttes .C'est un projet collectif dont l'objectif n'est pas le bénéfice privé mais la création d'emploi à travers la vente des légumes : artichauts, fèves, petits poivrons et huile d'olive bien sûr.

Nous avons assisté à une assemblée annoncée par une camionnette qui passe dans toutes les rues du village : à 17h à la maison du Peuple (autre lieu important). Nous y sommes allés . Il y avait environ 300 personnes de tous ages enfants compris. Le but en était la répartition du travail de la nouvelle «  campagne » : la récolte des fèves et la mise sous conserve des artichauts. La répartition du travail se fait par tirage au sort. Les habitants-es qui veulent travailler s'inscrivent. Ensuite il y a un tirage au sort : conserverie ou champ et ensuite les équipes sont formées. Une semaine de 6 jours travaillés et une semaine sans rien et une autre équipe prend le relais. J'ai discuté avec un habitant qui m'a dit que je pouvais m'inscrire aussi.

Les assemblées ne concernent pas que la répartition du travail . Elles peuvent être convoquées à tout moment et à la demande de qui le veut. Toutes les décisions concernant le village sont prises en assemblée.

Ce sont surtout les femmes qui travaillent à la conserverie. Nous y sommes allés deux fois et à chaque fois il y avait de la musique. Nous avons discuté avec Lola chargée de la qualité qui nous a fait visiter la coopérative. Elle nous a précisé qu'il y avait aussi la crise à Marinaleda car il faisait partie de l'Espagne. Mais ils étaient moins touchés:environ 5% de chômeurs et chômeuses contre 30% dans toute l'Andalousie.
Nous sommes allés visiter avec notre guide favori Moussa le chantier des maisons construites en auto-construction.

Le principe en est que des marinalediens construisent les maisons eux-mêmes avec l'aide d' un chef de travaux payé par la mairie. Le terrain est donné par la mairie et les matériaux par la région. Ils ne savent pas quelle maison leur sera attribuée. Il y a des critères de sélection. D'abord habiter depuis un certain temps à Marinaleda. La priorité va d'abord au couple avec enfant puis sans enfant et ... . Le chef du chantier a précisé : « moins tu gagnes plus tu as la possibilité d'avoir un logement »
Les bénéficiaires paient 15 euros par mois. Ils ne peuvent pas vendre la maison .

« Ce fut un programme pour toute la région andalouse mais maintenant il faut établir un rapport de force pour l'obtenir. A Marinaleda ça marche ! »
Pour finir nous avons rencontré le maire,Sanchez Gordillo, l’écharpe palestinienne prés de lui, une personne très chaleureuse et à l'écoute....a qui nous avons remis un drapeau du Front de Gauche.
La lutte de Marinaleda s'étend à d'autres endroits :Osuna,Somonte.
Merci à eux et à elles.

Izquierda Unida : Gauche Unie, l'équivalent du Front de Gauche.
Le syndicat SOC (syndicat des ouvriers agricoles) est devenu le SAT( syndicat andalou des Travailleurs)
Latifundios:domaines immenses appartenant à une seule famille,
el terrateniente :qui possède la terre. Modèle exporté en Amérique du Sud au moment de la colonisation espagnole. Ils s'opposent aux minifundios.






Brigade anti- vieux 2