Une île au milieu des oliviers et des caciques:Marinaleda. |
Marinaleda: une
utopie qui se réalise.(à la fin de l'article des vidéos et un diaporama)
Cela
faisait quelques années que nous rêvions d'aller à
Marinaleda. Et nous y sommes allés.C'est un village andalou
tout blanc situé entre Séville et Cordoue, plus
exactement entre Estepa, Osuna et Écija, sur les latifundios
des terratenientes andalous.C'est à dire, l'Andalousie des
journaliers :
« chômeurs et chômeuses
de profession »
Mais
un village a résisté, a gagné et continue de
lutter : Marinaleda.
C'est
ce que nous allons essayer de vous raconter.
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J'ai
contacté la mairie de Marinaleda qui m'a mise en contact avec
Antonio, un habitant de Marinaleda qui loue des chambres aux curieux
touristes militants que nous sommes: lors de notre séjour,
nous avons rencontré des journalistes français: Jean
Ortiz par exemple, des journalistes norvégiens, des
sympatisants-es du Front de Gauche. Ils ont logé pour certains
-es dans les autres chambres louées 15 euros par Antonio, qui
a travaillé en France il y a très longtemps. Il nous a
beaucoup aidé dans la compréhension de la vie
quotidienne du village de presque 3000 habitants-es.
Tous
les matins, les femmes balaient devant leur porte non pas pour suivre
un rôle traditionnel féminin mais parce qu'elles l'ont
décidé pour participer de l'effort municipal car la
région ne donne que quelques subsides pour entretenir la
ville.
Le
premier matin, alors que nous avions garé notre voiture devant
la porte d'un voisin, nous avons bien vu que cela le dérangeait.
Je suis allé le voir en lui demandant où nous pouvions
la garer car je pensais que c'était interdit devant les
emplacements face aux maisons. Il a répondu qu'ici rien
n'appartenait à personne. Nous nous sommes donc garés
sur ces emplacements.
Les
prix très bas aussi bien aux bistrots qu'aux petits magasins
du coin nous ont intrigués. Il n'y a pas encore de grandes
surfaces.Des petits commerces bien répartis dans la ville ou
nous pouvons acheter les tee shirts révolutionnaires ou
utopiques de Marinaleda aussi !
La
vendeuse de timbres non, elle elle vend la crucifixion du christ.
L' avenue de la liberté plantée d'orangers traverse Marinaleda. Les
arbres ont été plantés par les habitants
eux-mêmes, un régal au niveau des papilles olfactives.
Au
bout de l'avenue se trouve un autre village: Matarredonda qui fait
maintenant partie de la municipalité aussi.
A
l'origine il n'y avait rien: mais il a fallu plus de main d’œuvre
paysanne et les caciques ont fait venir la main d'oeuvre d'Estepa qui
ont crées ces lieux de vie. Au départ des baraquements
et une survie quotidienne.Aujourd'hui,ce sont des Marilanédiens
et Marilanédiennes fiers de te saluer. Pas tous certes mais
une majorité.
L'une
des premières choses a été de changer le nom des
rues : Allende, Neruda, García Lorca, Boabdil ,La
Libertad ,La Solidaridad, La Igualdad et bien sûr la rue Che
Guevara.
Cela
fait plaisir de voir ces noms de rue. Nous nous sentons un peu chez
nous! Cela change des Franco et autres fascistes.
Nous
avons visité deux lieux importants : d'abord : le
moulin à huile qui fut construit sur le lieu de la lutte :
à El Humoso,ex grande propriété terrienne à
quelques kilomètres de Marinaleda:17 .000 hectares pris
au duc de l'infantado après 10 ans de lutte.
Avant,
les journaliers ne travaillaient que 2 mois dans l'année.
Aujourd'hui il y a 5 permanents au moulin à huile et les
autres travaillent quasiment toute l'année. Les bénéfices
sont réinvestis.
La
conserverie fait partie aussi de la coopérative. Elle est née
aussi des luttes .C'est un projet collectif dont l'objectif n'est pas
le bénéfice privé mais la création
d'emploi à travers la vente des légumes :
artichauts, fèves, petits poivrons et huile d'olive bien sûr.
Nous
avons assisté à une assemblée annoncée
par une camionnette qui passe dans toutes les rues du village :
à 17h à la maison du Peuple (autre lieu important).
Nous y sommes allés . Il y avait environ 300 personnes de
tous ages enfants compris. Le but en était la répartition
du travail de la nouvelle « campagne » :
la récolte des fèves et la mise sous conserve des
artichauts. La répartition du travail se fait par tirage au
sort. Les habitants-es qui veulent travailler s'inscrivent. Ensuite
il y a un tirage au sort : conserverie ou champ et ensuite les
équipes sont formées. Une semaine de 6 jours travaillés
et une semaine sans rien et une autre équipe prend le relais.
J'ai discuté avec un habitant qui m'a dit que je pouvais
m'inscrire aussi.
Les
assemblées ne concernent pas que la répartition du
travail . Elles peuvent être convoquées à tout
moment et à la demande de qui le veut. Toutes les décisions
concernant le village sont prises en assemblée.
Ce
sont surtout les femmes qui travaillent à la conserverie. Nous
y sommes allés deux fois et à chaque fois il y avait de
la musique. Nous avons discuté avec Lola chargée de la
qualité qui nous a fait visiter la coopérative. Elle
nous a précisé qu'il y avait aussi la crise à
Marinaleda car il faisait partie de l'Espagne. Mais ils étaient
moins touchés:environ 5% de chômeurs et chômeuses
contre 30% dans toute l'Andalousie.
Nous
sommes allés visiter avec notre guide favori Moussa le
chantier des maisons construites en auto-construction.
Le
principe en est que des marinalediens construisent les maisons
eux-mêmes avec l'aide d' un chef de travaux payé par la
mairie. Le terrain est donné par la mairie et les matériaux
par la région. Ils ne savent pas quelle maison leur sera
attribuée. Il y a des critères de sélection.
D'abord habiter depuis un certain temps à Marinaleda. La
priorité va d'abord au couple avec enfant puis sans enfant et
... . Le chef du chantier a précisé : « moins
tu gagnes plus tu as la possibilité d'avoir un logement »
Les
bénéficiaires paient 15 euros par mois. Ils ne peuvent
pas vendre la maison .
« Ce
fut un programme pour toute la région andalouse mais
maintenant il faut établir un rapport de force pour l'obtenir.
A Marinaleda ça marche ! »
Pour
finir nous avons rencontré le maire,Sanchez Gordillo,
l’écharpe palestinienne prés de lui, une personne
très chaleureuse et à l'écoute....a qui nous
avons remis un drapeau du Front de Gauche.
La
lutte de Marinaleda s'étend à d'autres
endroits :Osuna,Somonte.
Merci
à eux et à elles.
Izquierda
Unida : Gauche Unie, l'équivalent du Front de Gauche.
Le
syndicat SOC (syndicat des ouvriers agricoles) est devenu le
SAT( syndicat andalou des Travailleurs)
Latifundios:domaines
immenses appartenant à une seule famille,
el
terrateniente :qui possède la terre. Modèle
exporté en Amérique du Sud au moment de la colonisation
espagnole. Ils s'opposent aux minifundios.
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