mercredi 13 juin 2012



Mélenchon : « Il y a porosité entre droite et extrême droite »

Publié le mercredi 13 juin 2012 à 06h00
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PROPOS RECUEILLIS PAR FLORENCE TRAULLÉ > florence.traulle@nordeclair.fr 
Une campagne d'une violence rare, une attitude du Parti socialiste qu'il n'a toujours pas digérée mais, pour autant, Jean-Luc Mélenchon appelle à faire battre Marine Le Pen dimanche prochain en votant pour le socialiste Kemel. 
Hier, depuis Strasbourg où il était au Parlement européen, il a fustigé l'attitude de l'UMP et son « ni-ni » (ni PS, ni FN).


Comment allez-vous après votre échec de dimanche ? 
>> Je suis épuisé par ces deux campagnes qui se sont succédé et celle-ci a été rude. Je suis venu me confronter à l'influence politique de Mme Le Pen, et non pas à sa personne. J'observe qu'elle garde le même nombre de voix par rapport à ce qu'elle avait fait à la présidentielle. Elle n'a donc pas progressé. J'ai au moins atteint ce but-là ! La droite a perdu 12 000 voix et personne ne se demande où elles sont passées ! Le bulletin de vote de M. Urbaniak était... anonyme politiquement. On peut se demander si, au fond, Mme Le Pen n'a pas été, au premier tour, la candidate du rassemblement de toute la droite.
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Marine le Pen n'a pas progressé en nombre de voix mais en pourcentage, oui. Au final, c'est le candidat socialiste, soutenu par Martine Aubry, qui est en deuxième position, devant vous... >> Il faut quand même regarder les chiffres de près : J'ai gagné 1 000 voix et 8 points par rapport à la présidentielle. Je suis en tête de la gauche dans huit villes sur quatorze ! Le candidat du PS, lui, perd près de 8 000 voix de François Hollande au premier tour. Il n'a absolument pas créé de dynamique, même dans sa commune (Carvin, ndlr). Pire : le FN y fait sa plus grosse percée. On voit alors ce que valent les affirmations honteuses de Martine Aubry, selon lesquelles ma présence ferait augmenter les voix du Front national ! Clairement, la dynamique de cette campagne était de mon côté.

Mais ça n'a pas suffi ? 
>> Non. Mais je ne regrette rien ! Tout ce que j'ai vu me conforte dans l'idée que j'ai bien fait de venir. Sur ce territoire, les dominants socialistes ne font plus aucune action d'éducation politique. Leur système fonctionne comme un réseau de clientèles. Cela ne crée pas une conscience politique mais des liens d'allégeance. C'est donc très volatil ! En fait, face à Mme Le Pen, les socialistes sont tétanisés ! Mais si quelqu'un se bat ouvertement contre ses idées, ils considèrent ça comme « une méthode débile ». C'est ce que Philippe Kemel a dit à mon sujet. Si je n'étais pas venu, Le Pen se serait donc retrouvée en tête à tête avec les socialistes qui, par leurs turpitudes, ont créé son terreau. Par-dessus le marché ils ont investi un candidat qui avait un contentieux avec le PC à qui il a pris la ville de Carvin en s'alliant à la droite. Que d'erreurs ! 

Néanmoins, vous appelez à voter pour Philippe Kemel au deuxième tour... 

>> Oui, et je suis à sa disposition ! Certes, dimanche soir, il ne m'a pas appelé. Tard le mardi seulement, un message du directeur de cabinet de Kemel me fait dire : « Il faut se parler ». J'ai fait répondre : « Demandez ce que vous voulez, on le fera très volontiers ». Mais, quand même, quelle méthode ! Je ne crois pas que l'on agit ainsi quand on veut rassembler.
Le matériel pour le deuxième tour était déjà imprimé et on ne m'a rien demandé. C'est quand même incroyable... Pour autant je ne renonce pas. Nous sommes en danger ! Notre adversaire c'est Mme Le Pen.

Vous avez dit, peu avant le premier tour, n'avoir jamais vécu une campagne aussi violente ? 
>> Et pourtant ce n'était pas ma première ! Je milite depuis l'âge de 16 ans et j'ai dirigé des dizaines de campagnes mais, jamais, je n'ai vécu cela. J'ai eu droit à tout, à des faux tracts, aux mensonges, aux calomnies. Et même, à la projection de mon portrait en Adolf Hitler devant un camp de concentration au journal de 20 heures.
Et face à tout cela, pas un mot de soutien des socialistes. Pourquoi ? M. Urbaniak, le candidat de la droite, lui, a été correct parce que sa conscience de républicain était heurtée. Avec la verte Marine Tondelier, il a été le seul à faire quelque chose. Je rappelle que j'ai déposé des plaintes, contre Mm e Le Pen, qui suivent leur cours. La bataille juridique continue et elle pourrait bien se retrouver, en cours de route, inéligible.

Vous avez dit, dimanche soir, que vous ne quitterez pas le département. C'est-à-dire ?
>> Je vais m'inscrire au Front de gauche dans le Pas-de-Calais et participer à la construction de mon parti ici. Nous allons ouvrir une permanence à Hénin, organiser des séances de formation. Je ne serai pas candidat à des élections locales mais je ne suis pas venu juste pour « faire un coup » contre Le Pen. Je suis venu faire campagne là où elle a transformé une population en cobaye de sa politique. Le résultat de tout cela, c'est que j'ai vu, ici, des gens qui ont peur les uns des autres. Mme Le Pen a fait sauter toutes les digues de la retenue. Ce n'est pas vrai que la souffrance justifie le racisme. C'est tout aussi stupide que d'affirmer que la misère justifie la délinquance.

Votre réaction à l'annonce de l'UMP qu'elle n'appellera pas à voter PS là où il y aura, dimanche prochain, des duels PS-FN ? 

>> Je comprends bien sa stratégie. Dans toute l'Europe, il y a une porosité entre droite et extrême droite. La droite a dédramatisé le contenu du discours de l'extrême droite. Pour cela, à présent, elle met sur le même plan le Front de gauche et le Front national. J'entends dire, à droite, que je ne suis pas un républicain. On peut m'accuser de tout ce que l'on veut mais là, quand même... Je serais également antisémite ! Tout cela est grotesque. Mais tragique. w
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J'ai vu, ici, des gens qui ont peur les uns des autres. 
Madame Le Pen a fait sauter toutes les digues de la retenue. 
Ce n'est pas vrai que la souffrance justifie le racisme.

Brigade anti- vieux 2