mercredi 8 août 2012

Valls sur les traces de Sarkozy?

A Villeneuve d'Ascq, au moins deux campements seraient concernés. 


Rroms : Manuel Valls assume les expulsions . Deux ans tout juste après le discours de Grenoble, le 30 juillet 2010, où l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy avait violemment pointé du doigt les Rroms vivant en France dans des campements sauvages, scellant ainsi son rapprochement avec les thèses du Front national, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, s'est à son tour positionné avec fermeté sur ce sujet, mardi 31 juillet.
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 Un durcissement qui confirme le virage pris par le Parti socialiste sur les questions d'immigration. Alors qu'il était interrogé sur Europe 1, à propos des populations roms - environ 15 000 personnes en France -, le nouveau patron de la Place Beauvau a eu cette formule lapidaire, équivalente à celle qu'il avait déjà eue le 25 juillet, dans l'ambiance plus feutrée de la commission des lois : " Les choses sont simples, quand il y a une décision de justice, il y aura démantèlement de campements. " A l'été 2010, les socialistes n'avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour dénoncer la politique menée alors par la droite : " La dureté des mots et la dérive des propositions n'ont d'égal que l'ampleur des échecs de Nicolas Sarkozy en matière économique et sociale ", avait ainsi fait valoir la patronne du PS, Martine Aubry. Aujourd'hui, le ton apparaît beaucoup plus mesuré chez la plupart des parlementaires de la nouvelle majorité de gauche. " Manuel Valls est obligé de faire respecter la loi, considère ainsi Eduardo Rihan-Cypel, député PS de Seine-et-Marne. Il faut aussi comprendre les élus locaux, un maire ne peut pas tolérer un tel bidonville (...). En plus, ces camps sont souvent dans les communes les plus pauvres. " A l'Assemblée, mardi après-midi, un certain nombre d'élus semblaient pour leur part gênés aux entournures et refusaient de s'exprimer sur le sujet. Seul Pouria Amirshahi, député PS des Français de l'étranger, a vivement marqué son opposition aux déclarations de M. Valls : " Cela va un peu à rebours d'une culture de la concertation. La culture de la gauche est de dire : l'action réformatrice prend du temps. Décréter le démantèlement en claquant des doigts va donner le sentiment que la politique est impuissante. " A droite, les attitudes variaient. Si Eric Ciotti, le député UMP (Alpes- Maritimes), secrétaire national à la sécurité, a lâché, en début de semaine : " S'il le fait - les démantèlements - , je le soutiendrai ", le chef du groupe UMP Christian Jacob s'est montré, mardi, soucieux de minimiser le revirement du ministre de l'intérieur : " C'est de la poudre aux yeux pour essayer de se rétablir sur deux jambes après les annonces sur les nouveaux critères de naturalisation. " Pour beaucoup d'acteurs associatifs qui travaillent sur le terrain, les propos de M. Valls sont toutefois très décevants. " On n'est pas des ayatollahs, il y a des campements qu'on ne peut pas laisser comme ça, estime Edouard Donnelly, président de l'association Hors la rue, qui s'occupe des mineurs roms exploités notamment par les réseaux de prostitution. Mais c'est une ligne politique très incomplète. " " Fermeté et dignité " Comme beaucoup, M. Donnelly considère que les démantèlements aggravent la situation des Roms sans la régler. La plupart ne repartent pas en Roumanie ou en Bulgarie d'où ils sont originaires, mais se contentent de s'installer un peu plus loin. En Seine-Saint-Denis, par exemple, les Roms se verraient en moyenne évacués neuf fois par an. Le discours de Grenoble a un temps accéléré ces mouvements, mais leur nombre est maintenant revenu à son niveau d'avant, selon les associations. Pour tous ces militants, la décision de M. Valls est surtout en profonde contradiction avec les promesses de campagne du candidat François Hollande. " On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d'un endroit sans solution ", leur avait écrit le candidat le 27 mars. Au ministère de l'intérieur, on tempère les déclarations du ministre tout en confirmant la ligne choisie. Ce sont des décisions " compliquées ", " pas faciles ", souligne-t-on. Il n'y aura " pas de politique centralisée des démantèlements " et M. Valls a demandé aux préfets de " renouer le lien avec les élus locaux et les associations ", rassure-t-on. Dans le même temps, la Place Beauvau admet qu'il n'y aura" pas forcément d'alternatives proposées " à tous les Roms qui pourraient être évacués à l'avenir. Un choix politique soutenu par Matignon. " C'est une ligne qui allie fermeté et dignité dans le respect des valeurs républicaines ", justifie-t-on au cabinet du premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Le signe de fermeté envoyé sur les Roms par M. Valls pourrait toutefois être contrebalancé à la rentrée par une proposition de résolution examinée au Sénat mi-octobre. Cette résolution, déposée fin juin par la sénatrice EELV, Aline Archimbaud, propose la levée des " mesures transitoires " qui pèsent sur les ressortissants roumains et bulgares depuis que leurs pays ont rejoint l'Union européenne en 2007. Ces mesures, en vigueur jusqu'au 31 décembre 2013, limitent les possibilités d'accès au marché du travail français et assignent les Roms au même régime que les ressortissants extra-européens. " C'est le facteur-clé d'une sortie de la grande précarité ", écrit Mme Archimbaud dans sa proposition de résolution. hélène bekmezian et elise vincen _______________________________________________ * Gisti-info@rezo.net * abonnement/desabonnement via le web a http://listes.rezo.net/mailman/listinfo/gisti-info * abonnement par mail : ecrire a gisti-info-on@rezo.net * desabonnement par mail : ecrire a gisti-info-off@rezo.net

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