La libération d'Ingrid Betancourt ( voir le message d'hier de Marc Delgrange qui replace cette affaire dans son contexte politique et historique) déclenchera-t-elle un réel processus de Paix et de justice sociale pour le peuple colombien?
Rien n'est moins sûr.
D'abord, comme le précise un communiqué de notre Parti., parce que le Président Uribe tente d'utiliser cette libération à des fins politiciennes. "Le président Alvaro Uribe veut mettre à son profit l’émotion suscitée par cette libération. Les progressistes colombiens rappellent légitimement que le président colombien et un nombre important de ses alliés font l’objet d’ accusations, y compris par la justice colombienne, qui montrent leurs liens avec les groupes para-militaires d’extrême droite"
Deuxièmement, les FARC, affaiblies, sont dans une impasse politique qu'elles tardent à surmonter par un geste politique et humanitaire décisif. Ainsi comme le souligne, le communiqué précédent, "l’exigence d’ une libération unilatérale de la part des FARC s’impose. Ce serait un geste politique significatif en faveur de la Paix. Celle-ci, en effet, est toujours à gagner en Colombie. Seuls le dialogue et la négociation peuvent l’ apporter au peuple colombien : une paix dans la justice sociale"
Après l'effusion des sentiments qui suit le retour d'un otage, le doute et un certain malaise s'installent.
Ainsi, d'après plusieurs médias, dont l'Express, les conditions dans lesquelles s'est faite la libération d'Ingrid semblent controversées.
C'est dire le peu de crédit que les partisans d'un règlement pacifique du conflit peuvent accorder aux paroles et aux actes du Président colombien.
Derrière lui, plane, en effet, comme souvent en Amérique Latine, l'ombre de l'oncle Sam, et aujourd'hui celle de Bush et de Mc Cain, et nous savons bien comment finissent trop souvent les conflits latino-américains....
Notre cher président s'est montré, quant à lui, bien conciliant vis à vis des "retournés" des Farc puisqu'il a déclaré qu'il se tenait "prêt à accueillir tous ceux qui accepteraient de renoncer à la lutte armée" Alors que, chez nous, la chasse aux sans-papiers ne connait pas de trêve, et que Marina Petrella, ex-membre repentie des Brigades rouges, menacée d'extradition vers l'Italie, se laisse mourir dans une prison française...
Selon la Ligue des Droits de l'Homme, "Nicolas Sarkozy a eu raison de renouveler sa proposition d’accueillir en France les ravisseurs ( d'Ingrid) sous la seule condition qu’ils renoncent à la violence politique : c’est seulement ainsi que se dénouent les guerres civiles"
"Le président de la République est pleinement dans son rôle : il comprend la nécessité de contribuer à l’issue d’une tragédie politique", poursuit la LDH
"Or c’est exactement ce qu’a fait François Mitterrand en promettant aux membres des Brigades rouges italiennes, il y a plus de vingt ans, que la France les accueillerait et ne les extraderait pas s’ils renonçaient définitivement à toute violence politique", rappelle-t-elle, estimant que "l’engagement présidentiel avait le même sens et la même raison d’être".
Ce communiqué rappelle aussi que Marina Petrella "s’est réfugiée en France en 1993 sur la foi d'une promesse présidentielle. Elle a, depuis lors, scrupuleusement tenu sa parole. Mais la France a renié la sienne"DL
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