Le groupe Total a annoncé une restructuration en France de ses activités de raffinage et pétrochimie, qui va entraîner 555 suppressions de postes d’ici 2013, une situation scandaleuse au regard des bénéfices record de l’entreprise.
Un coup dur pour un bassin d’emploi déjà fracassé. Dans la zone industrielle du Havre, Total va supprimer 199 postes à la raffinerie et 130 au complexe pétrochimique de Gonfreville-l’Orcher (Seine-Maritime). Et l’usine de butanol de Notre-Dame-de-Gravenchon va fermer. La direction parle de 385 postes supprimés dans le secteur. Ce qui, puisque les installations fonctionnent en continu, se traduirait par la disparition de 450 emplois. Syndicats et institutions se doutaient qu’il se tramait quelque chose chez Total. Car le véritable souci, l’inadéquation de l’outil de production, n’est pas nouveau.
Le problème des installations du groupe dans la région est structurel, et fort simple. La raffinerie de Gonfreville produit surtout de l’essence à destination du marché américain, alors que les voitures françaises consomment à 78 % du gazole. « Total aurait pu prendre le temps de transformer son activité. Mais la médiatisation de la crise est l’occasion rêvée pour rééquilibrer la production à toute vitesse, puisque le marché américain s’est cassé la figure », tacle un responsable des questions industrielles à la chambre de commerce et d’industrie du Havre. La preuve : près de 770 millions, sur 1 milliard d’euros d’investissement annoncé, serviraient à recentrer la fabrication sur le gazole. Même son de cloche à la Direction régional de l’industrie, où l’on se prépare à faire part à la direction du déplaisir « d’avoir obtenu confirmation des suppressions de postes par voie de presse ».
« On s’attendait à quelque chose », acquiesce Christian Votte, délégué CGT (majoritaire) à la raffinerie de Gonfreville-l’Orcher. Pour le cégétiste, l’objectif est également de « diminuer la production à marche forcée, le temps que le marché de l’automobile reparte ». Mais, en attendant, la fermeture de deux très grosses unités, un craqueur et une distillation, est « un choc pour les salariés ». Et hier matin, une heure de débrayage a été organisée.
En face de la raffinerie, le complexe pétrochimique est également en ébullition. « On a déjà subi une restructuration il y a trois ans, cela commence à faire beaucoup », lâche Chantal Andrieu, de la CFDT. Elle s’interroge : « Quid des 75 à 80 intérimaires du site ? » Alain Loisel (CFDT) détaille : « Dans le complexe, une des deux lignes de production de polystyrène et une des deux lignes de production de polyéthylène vont fermer. Les usines sous-traitantes vont forcément être touchées, comme la boîte belge KTN, qui s’occupe de la mise en sacs des granulés de polyéthylène. »
Enfin, à Notre-Dame-de-Gravenchon, Total justifie la fermeture du site par la fin de son contrat avec Arkema. « Cela ne tient pas, Total avait moyen de renégocier avec Arkhema », s’énerve Sylvain Donnot, délégué CGT. D’autant qu’Arkema, créé en 2004, est issu lui-même du groupe Total… Hier, un dépôt de gerbe avait lieu avec des élus devant l’usine, pour commémorer d’avance la mort de l’usine, qui compte 54 salariés, auxquels se rajoutent 150 emplois induits.
Mehdi Fikri Site Huma
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