Un article du site Médiapart. Extraits:
Electoralisme, clientélisme, féodalisme… bienvenue chez les ch’tis socialistes! Le second tour de l'élection municipale partielle d'Hénin-Beaumont risque d'offrir dimanche à un Front national décati un bastion local pour rebondir, et c'est un système tout entier qui pourrait être sanctionné.(....)
Dans l'ombre de Gérard Dalongeville [l'ancien maire incarcéré et mis en examen pour détournement de fonds en avril 2009], l'on retrouve les deux barons les plus puissants du département: Daniel Percheron, sénateur et président de la région Nord-Pas-de-Calais, et Jean-Pierre Kucheida, député et maire de Liévin (la plus grosse section PS de France, avec 1.400 "cartes"). Ce sont eux qui règnent en maître sur la "fédé", dont ils contrôlent tous les rouages et les dépendances.
Ce sont eux qui ont ainsi préservé des foudres du PS national Jacques Mellick, le maire de Béthune – et ancien trésorier de la fédération –, après sa condamnation en 1996 pour faux témoignage au profit de Bernard Tapie dans l'affaire VA-OM. Ce sont eux qui ont plaidé pour sa réintégration dans le parti, après sa réélection à Béthune en 2002, lui permettant d'obtenir l'investiture socialiste aux législatives de 2007, puis aux municipales de 2008 (où il sera à chaque fois battu).
De la même façon, à Hénin-Beaumont, Percheron et Kucheida ne lâcheront pas Dalongeville. Bien qu'il soit exclu du PS et que son début de mandat tourne vite vinaigre, entre crises politiques dans sa majorité et premières critiques de la chambre régionale des comptes. Ils lui conseilleront même d'accueillir dans son cabinet Jean-Pierre Chruszez, l'ancien "dir'cab" de Mellick.(....)
A l'issue du premier tour électoral de dimanche dernier, le FN est en ballottage favorable (39,3% des voix) et le reste des résultats en dit long sur l'état du socialisme à Hénin-Beaumont. Daniel Duquenne, secrétaire de section socialiste exclu du parti, arrive en deuxième position (avec 20,2%), devant Pierre Ferrari, président de la section du Mouvement des jeunes socialistes, soutenu par Martine Aubry mais pas par "la fédé", qui obtient 17%.
Plus loin, derrière les Verts (8,5%) et devant l'UMP (4,3%), on retrouve Pierre Darchicourt, ancien maire PS de 1999 à 2001 (5,3%).
Dimanche, [ au second tour], la liste PS serait totalement écartée du conseil municipal, le challenger du duo frontiste Steve Briois/Marine Le Pen, Daniel Duquenne, ayant fait le choix de ne fusionner avec aucun de ses concurrents de gauche du premier tour, qui se sont désistés.
Car Hénin-Beaumont est devenu le monstre dégénéré d'un socialisme municipal historique. L' hyper-personnalisation a remplacé les figures charismatiques; la solidarité locale a laissé place au paternalisme clientéliste, le mélange des intérêts du parti et de ceux de l'institution règne en maître (....)
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