samedi 18 juillet 2009

LIberté-Hebdo: des lycées à guichets fermés

Des milliers de jeunes, dont des centaines dans la région, devant s’inscrire en seconde ne trouvent pas de place dans le lycée situé dans la zone de leur domicile. Conséquence des suppressions de postes et au mépris de la loi.


« Les collèges et les lycées accueillent les élèves résidant dans leur zone de desserte ». L’article 2116-11 du Code de l’Éducation est on ne peut plus clair. Chaque élève a le droit d’être inscrit dans le collège ou l’établissement le plus proche de là où il habite. C’est la loi. On peut donc considérer que l’Éducation nationale et le gouvernement sont actuellement hors-la-loi et qu’ils peuvent même être accusés de violations nombreuses et répétées à cette loi puisque de nombreux jeunes qui viennent de quitter le collège ne parviennent pas à s’inscrire dans le lycée de leur zone géographique. Le recteur de l’académie de Lille, Bernard Dubreuil reconnaissait dans une interview à « La Voix du Nord », le 9 juillet dernier, que « quelques centaines (sic) d’élèves sont en attente » et leur promettait de leur trouver une solution d’ici la rentrée.

13500 suppressions de postes à la rentrée

L’affaire va pourtant bien au-delà de simples dysfonctionnements. Elle souligne les difficultés inquiétantes du service public d’éducation à satisfaire sa mission en raison des mesures décidées ces dernières années, en particulier les suppressions de postes, mais aussi la réforme de la carte scolaire qui encourage la mise en concurrence des établissements publics entre eux. Les 13.500 suppressions de postes programmées pour la rentrée dans tout le pays jouent pour une part essentielle dans les problèmes rencontrés par les lycéens. Dans l’académie de Lille, le second degré connaîtra une saignée de 376 postes à la rentrée.

« Cela fait des années que l’on supprime des postes, aujourd’hui, on est obligés de tailler dans le vif » dénonce Didier Costenoble, enseignant au lycée Queneau, à Villeneuve d’Ascq, et syndicaliste au SNES-FSU. Dans ce lycée, le rectorat avait misé sur une capacité de 323 élèves. Ils ont été finalement 380 à formuler une demande d’inscription. « Sous la pression, le rectorat a affecté 369 élèves en seconde » explique, dans un communiqué, un collectif de personnels (SNES, SNEP, SGEN, Sud Éducation) et de parents d’élèves(FCPE, PEEP). Mais en maintenant le nombre de classes à 10,5 secondes, ce qui maintenait la moyenne par classe à 35 élèves. Le rectorat, dénonçait ce collectif, refusait donc « de revoir la structure et les moyens du lycée en fonction de l’évolution des effectifs » alors « qu’il s’y était engagé » en mars dernier.

Idéologique

Au lendemain d’un rassemblement devant le rectorat, décision était finalement prise de créer une classe de seconde supplémentaire, ce qui fera tomber la moyenne d’élèves par classe à 32. « Cela prouve que l’on a raison de se mobiliser » commente Didier Costenoble. Mais pour le syndicaliste, « une dizaine d’élèves sont encore sur le carreau ». À certains, on propose d’aller suivre leur scolarité à Lomme ou à Armentières, alors que le lycée Queneau est à deux pas de chez eux… « Or, on sait que les élèves en difficulté sont les premiers à décrocher quand ils sont éloignés de leur domicile » poursuit Didier Costenoble pour qui cette situation trouve son origine dans des choix qui sont « clairement idéologiques. On ne veut plus se donner les moyens d’assurer l’accès de tous à l’éducation. C’est une régression organisée. Les parents qui ont les moyens trouveront toujours une solution pour leur enfant, notamment dans le privé. Pour les autres, ce ne sera pas forcément le cas ».

À ses yeux, il faut associer cette situation à la réforme du lycée contre laquelle se sont mobilisés les lycéens en fin d’année dernière. L’objectif était de diminuer le nombre d’heures et de matières enseignées. Le mouvement était parvenu à faire reculer Xavier Darcos, mais l’objectif du pouvoir demeure. En transformant l’affectation en lycée en parcours du combattant, on chercherait à réduire les effectifs décourageant les élèves que l’on se s’y prendrait peut-être pas autrement…

BC

La FCPE relève de nombreuses
« situations anormales »

.
« Plusieurs associations locales nous ont signalé la situation anormale dans leur établissement, entre autres : région dunkerquoise, élèves des collèges du secteur du lycée Jean Bart, collège de Cysoing pour le lycée Perriand à Genech. Mais ce ne sont pas les seuls » indique la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) du Nord pour qui « de nombreux élèves se retrouvent sans affectation ». « Ne serait-ce pas une des premières conséquences désastreuses des fermetures de classes de seconde dans les établissements ? » interroge l’association. Par ailleurs, celle-ci rappelle que « l’assouplissement de la carte scolaire mis en place en 2008 (…) ne doit pas pénaliser les élèves qui habitent dans le secteur de recrutement traditionnel du lycée ». Pour la FCPE, « l’affectation de l’enfant doit être garantie dans le collège ou le lycée le plus proche de son domicile, sauf demande de dérogation de sa part ».

Article de Liberté-Hebdo

Brigade anti- vieux 2