La campagne est aussi victime de la bulle immobilière parce que les reclassements des terres en zone constructible - ou bien l’espoir qu’elles le soient - sont devenus le moteur de l’économie, la principale source de plus-value ; en effet, si le terrain devient constructible, son prix est multiplié par un nombre à deux chiffres. Avec ce modèle-là, il n’y a pas, et il ne peut pas y avoir, d’agriculture - ni même d’activité industrielle - capable de produire de tels rendements. Et c’est ainsi que des milliers d’hectares constructibles, à 100 euros le mètre carré, et bien d’autres à vocation agricole sur lesquels on fonde l’espoir, sensé ou non, qu’ils soient classés constructibles, échappent à tout usage agricole parce qu’il n’est pas possible de rentabiliser une culture, quelle qu’elle soit, quand on attend que, sans le moindre effort, la valeur du sol soit multipliée par un gros coefficient. En réalité, personne n’interdit de semer ou de cultiver, mais les attentes étant ce qu’elles sont, c’est comme si on l’interdisait.
La boucle est bouclée, d’une part avec la multiplication des grandes surfaces et des grossistes qui accaparent le marché et, d’autre part, avec les délocalisations des services de base, sociaux et culturels, en même temps qu’on fait pression avec des charges fiscales disproportionnées et folles si on les compare aux profits des grands groupes industriels et des sociétés qui jouissent de tant de facilités de crédit et de tant d’avantages fiscaux.
Ce qui est en crise, ce n’est pas seulement le modèle économique, mais c’est aussi la façon de gouverner. Les coupes sociales sont le prix à payer pour l’un et l’autre. La ruine qui nous menace dorénavant est le prix que nous allons payer malgré l’abondance des moyens et des ressources inexploitées dont nous pourrions disposer.
Miguel Ángel Llana
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