dimanche 9 janvier 2011

"La liberté de pensée s’arrête là où commence le Code du travail"Laurence Parisot medef

Pas d’austérité pour le CAC 40 !



Lors de ses vœux télévisés, Nicolas Sarkozy avait reconnu que l’année 2010 avait été « rude » pour les Français. Toujours à exagérer… Elle n’a pas été rude pour tout le monde ! Le président « protecteur » est là, notamment pour ses amis du CAC 40. Les Vivendi, L’Oréal, AXA, BNP Paribas, Bouygues, Total et autre Lagardère… ont établi un nouveau record de dividendes versées aux actionnaires avec la somme de 40 milliards d’euros distribués début 2011 au titre de l’exercice 2010.....cliquez sur la date pour lire la suite


Pour donner un ordre d’idée de ce que représente cette somme, il suffit de se remémorer les chiffres du déficit des caisses de retraites comptabilisés par le COR en 2010 qui nous ont été rabâchés l’année dernière. Ce déficit des caisses de retraites qui était de 2,2 milliards en 2006 s’était alourdi, essentiellement du fait des conséquences de la crise sur l’emploi selon le rapport du COR, de 10,9 milliards en 2008 et de 32,2 milliards en 2010. Autant dire que les milliards d’euros accumulés et redistribués uniquement pour satisfaire les détenteurs de titres de propriétés qui n’ont aucun rôle productif en tant qu’actionnaires, auraient largement pu résoudre le problème soit disant « colossal » du financement des régimes de retraites.

Ce n’est donc pas la crise pour tout le monde… Ou du moins la crise n’a pas les mêmes conséquences pour tous. Car l’évolution de la part des richesses redistribuées aux actionnaires est révélatrice. Début 2009, sur les résultats de l’exercice 2010, les actionnaires ont reçu plus de 36 milliards d’euros sous formes de dividendes, soit environ 45% des bénéfices. Début 2010, sur les résultats de l’exercice 2009 qui a constitué l’année du plus fort ralentissement économique, voire de récession, les actionnaires ont reçu environ 35 milliards d’euros, ce qui constituait alors plus de 60% des bénéfices des sociétés du CAC 40. Il y a eu un choix clair de privilégier les actionnaires au détriment des salariés dans la répartition des richesses. Sans doute le « capitalisme éthique » de Sarkozy et Parisot… Début 2011, les actionnaires recevront donc un pourcentage plus « raisonnable » de 46% des bénéfices, soit 40 milliards à se partager, puisque les bénéfices sont repartis à la hausse. Et la prévision pour 2011 s’annonce encore plus fructueuse.

Pour les salariés, il reste l’austérité… et le chômage. Car les bénéfices s’expliquent également par des économies réalisées par les entreprises en comprimant les coûts salariaux. Le taux de chômage en France est passé de 7,8% en 2008 à 9,5% fin 2010. Renault a annoncé 3000 départs en préretraites anticipées. Chez Sanofi Aventis 575 emplois sont supprimés. Les entreprises font payer la crise aux salariés et les gouvernements doublent la peine en imposant les politiques d’austérité publiques !

Que peut faire la gauche face à cela ? D’abord assumer qu’elle est prête à la confrontation pour imposer la priorité aux besoins des classes populaires, ce qui suppose une autre répartition des richesses qui remettent en cause le soi disant inviolable droit de propriété des actionnaires.



Le Code du travail : un centenaire en danger



Il y a 100 ans, le 28 décembre 1910, le Code du travail voyait le jour. Fruit des luttes ouvrières du XIXème et du début du XXème siècles, c’est un texte essentiel qui définit les droits quotidiens de 17 millions de salariés. Il institue des droits communs et forge ainsi une conscience commune aux salariés. Il est aussi le reflet des rapports de force sociaux. La tendance initiale était plutôt de renforcer la protection des salariés avec notamment l’inscription dans la loi de la réduction du temps de travail, des congés payés, de l’augmentation des salaires…Toutes les grandes dates de l’histoire ouvrière et des victoires ouvrières y ont ainsi été consignées à l’instar de 1936 et de la réduction du temps de travail de 48 heures à 40 heures ainsi que les deux premières semaines de congés payés.

Le Code du travail est aujourd’hui en danger.

Il suffit de se rappeler de ce qu’a déclaré Laurence Parisot, présidente du MEDEF, en 2006: « La liberté de pensée s’arrête là où commence le Code du travail ». La droite servant fidèlement les intérêts du patronat a déjà de février 2005 à mai 2008, sous couvert de « simplification », allégé le code du travail. Elle a également par la loi TEPA vidé en partie de sa substance la durée légale de travail de 35 heures en défiscalisant les heures supplémentaires. Elle a porté atteinte au droit de grève en instaurant le service minimum dans les services publics de transports. Elle a instauré la rupture conventionnelle du contrat de travail, rupture qui dans les faits est imposé par l’employeur aux employés. Elle a libéralisé le travail le dimanche niant ainsi le droit à un jour de repos commun aux salariés. Elle a réduit de manière drastique les moyens de l’inspection du travail rendant ainsi très difficile son intervention dans les entreprises. Elle a aussi multiplié les attaques contre les représentants syndicaux dans les entreprises. La droite a ainsi largement affaibli le rempart de protection que constitue le Code du travail contrepartie du lien de subordination juridique permanent entre employé et employeur que constitue le contrat de travail. Et le gouvernement décide de remettre l’ouvrage sur le métier en nommant une mission gouvernementale chargée de porter un coup fatal au droit du travail en détricotant un peu plus ce livre rouge.

A l’heure où la crise sociale frappe de plein fouet des millions de salariés, où les conditions de travail se dégradent, que la souffrance au travail est omniprésente, la défense du Code de travail est plus que jamais essentielle. C’est la vie quotidienne de l’ensemble des salariés qui se trouve aujourd’hui menacée. Pour son centenaire, nous souhaitons donc au Code du travail que ses transformations soient à nouveau synonymes de progrès social, d’y voir fleurir des lois permettant de contrôler les licenciements, d’interdire les licenciements dans les entreprises faisant des profits, de réduire de manière réelle le temps de travail des salariés leur permettant ainsi d’avoir du temps libre et de créer ainsi des centaines de milliers d’emploi, d’endiguer la précarité au travail…



Brigade anti- vieux 2