Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, s’est exprimé dimanche sur le sujet en plusieurs temps.
"D’abord, il n’a jamais été question de privatiser La Poste. Il n’est pas question, dans la situation où nous nous trouvons, d’ouvrir pour l’instant le capital de La Poste", a-t-il dit dans un premier temps sur Europe 1.
Il a ensuite précisé sa déclaration sur France Info. "La décision sur La Poste sera prise le moment venu, pour l’instant, il n’y a pas de décision, donc la question de l’ouverture du capital n’est pas posée", a-t-il dit.
Il a précisé enfin à Reuters que le passage au statut de société anonyme n’était pas remis en cause et devrait en principe se faire en 2009 ou 2010. L’abandon du statut d’établissement public est en effet obligatoire en vue de l’ouverture totale du marché postal à la concurrence, en 2011, décidée au niveau européen, dit-il.
C’est l’éventuelle cession, après ce changement, d’une partie minoritaire du capital au privé qui est mise en cause par la crise, selon lui.
Cette étape n’est pas obligatoire, l’Etat pouvant par hypothèse garder, dans un contexte de concurrence, 100% du capital et organiser le refinancement de La Poste par des modes alternatifs ayant recours à des fonds publics ou para-publics, estime-t-il.
Une commission de réflexion qui travaille actuellement sur le sujet doit rendre ses conclusions en décembre. L’abandon du recours au marché financier semblait inéluctable dans le contexte de crise, mais c’est cependant la première fois que l’Elysée remet explicitement en cause cette option.
Le 6 juillet dernier, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant avait déclaré que ce projet défendu par la direction de La Poste "méritait l’intérêt".
Mobilisation des opposants
Une journée d’action syndicale unitaire est programmée le 22 novembre et les syndicats l’ont maintenue dimanche afin d’obtenir, dit Sud-PTT, "l’abandon pur et simple du projet".
"Nicolas Sarkozy suspend le projet de privatisation de La Poste. C’est une formidable victoire. La crise financière impose l’évidence : la libre concurrence, la loi du marché, le libéralisme ont fait leur temps", a déclaré le Parti communiste dimanche dans un communiqué.
La direction de La Poste, qui emploie 288.000 personnes, affirmait avant la crise devoir trouver au moins trois milliards d’euros afin d’affronter l’ouverture totale à la concurrence, chiffre qui pourrait augmenter avec la crise.
Les adversaires du projet, dont la gauche et les syndicats, estiment qu’il existe d’autres solutions financières et que l’ouverture à la concurrence n’implique pas l’ouverture au privé. Ils pensent par ailleurs que la privatisation totale de La Poste est l’objectif caché, à terme, du projet.
La méthode a en effet déjà été utilisée pour France Télécom ou GDF. Certains opposants tentent de provoquer un référendum sur le sujet, option ouverte par la récente réforme de la Constitution. Le projet suscite l’hostilité de 61% des Français, selon un sondage publié en septembre.
Une première journée d’action avait jeté des milliers de personnes dans la rue le 23 septembre partout en France, avec des élus de gauche mais aussi parfois de droite, comme le député ex-UMP Nicolas Dupont-Aignan.
Le gouvernement a tenté de rassurer les opposants en assurant que l’Etat resterait majoritaire dans La Poste et garantirait de toutes façons le statut des employés et la continuité du service public.
Site Huma Pétition de la CGT "Touche pas à ma Poste"
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