dimanche 2 mai 2010

Retraites: les contre-vérités du gouvernement et des médias

SM > PAS DE RETRAITE DANS TA TETE from SEB MUSSET on Vimeo.




"Dans un pays dont l'espérance de vie augmente d'un trimestre chaque année nous n'avons d'autre solution que de travailler plus longtemps" (Xavier Darcos alors ministre du travail le 12 janvier devant le Sénat)

Quel rapport? Tout au long du 20ème siècle, le temps de travail a diminué (horaire hebdomadaire, congés payés, retraite) alors que l'espérance de vie a augmenté

"Autour de nous, dans tous les pays européens, on repousse l'âge légal de la retraite" François Fillon, 15 juin 2009, salon du Bourget

Et alors? En 1792, la France était le seul état européen à se doter d'une République: avait-elle donc tort?
Sachant que, actuellement, l'âge moyen de cessation d'activité est de 58,5 ans, repousser l'âge de départ à la retraite n'aura pour effet que d'allonger la période de chômage, de maladie ou d'invalidité que connaissent les salarié-es en fin de carrière.

"Actuellement, il y a 2 salariés pour un retraité, en 2050, il y aura un salarié pour un retraité"

C'est vrai et alors? En 1960, il y avait 4 salarié-es pour un-e retraité-e. Cela n'a pas empêché la société de financer les retraites et, notamment, le passage de l'âge de départ de 65 ans à 60 ans pour le privé. C'est oublier qu'un salarié de 2010" produit" beaucoup plus qu'un-e salarié-e de 1960 et, probablement, beaucoup moins qu'un-e salarié-e de 2050.

"Une réforme sans tabou (il faut entendre par là une réforme qui augmente la durée de cotisation et/ou qui repousse l'âge de départ légal et/ou qui diminue le montant des pensions) est indispensable si on veut garantir le financement des retraites"

La même chanson nous a été entonnée en 1993 (réforme Balladur: 40 ans de cotisation dans le privé) et en 2003 (réforme Fillon: 40 ans de cotisation aussi dans le public puis allongement programmé dans le public et dans le privé pour arriver à 42 ans en 2020) et, manifestement, le financement n'est toujours pas garanti. En revanche les salarié-e-s du public comme du privé ont vu leurs retraites diminuées de plus de 20% entre avant et après ces deux réformes!

En réalité, il est possible de financer les retraites sans que les salariés et les retraité-es ne fassent d'efforts supplémentaires. Il est également possible de revenir sur les réformes de 1993 et de 2003.
Il y a plusieurs pistes:
  • revenir sur les exonérations de cotisations sociales dont on n'a jamais pu prouver l'utilité en matière de créations d'emplois (plus de 25 milliards d'euros cette année quand le déficit de l'assurance vieillesse est de 10 milliards d'euros).
  • une autre politique de l'emploi qui permette de diminuer le chômage.
  • une augmentation généralisée des salaires qui augmenterait automatiquement les cotisations (rappelons que la part des salaires et des retraites a diminué de 10 points du PIB au bénéfice des profits depuis 25 ans)
  • Augmenter le taux de cotisation patronale. Cela s'est fait plusieurs fois dans l'histoire de notre régime de retraite sans nuire le moins du monde à l'économie de ce pays
Pour terminer, le COR (Conseil d'Orientation des Retraites), organisme majoritairement constitué de membres favorables à une dégradation pour les salarié-es) avance qu'il faudra faire passer la part du PIB consacrée aux retraites de 13% actuellement à 19% en 2050. Mais ce PIB (toujours selon le COR) aura doublé en 2050. Cela revient à dire qu'il resterait en 2050, 3280 milliards d'euros (retraites payées!) contre 1740 milliards d'euros en 2010.
En fait, c'est un choix de société:
-Une société où les salarié-es et les retraité-es vivent tous et toutes correctement --Ou alors une société où l'écrasante majorité de la population se serre la ceinture pour que quelques un-es vivent dans le luxe.
On a le droit de préférer cette dernière solution mais dans ce cas, il faut le dire plutôt que de se répandre en mensonges éhontés!

Didier Costenoble

Brigade anti- vieux 2