dimanche 14 décembre 2008

L' Union européenne contre les peuples

Les Irlandais priés de revoter sur le traité de Lisbonne

L’adoption du texte est devenue un casse-tête politique et juridique dont l’UE espère sortir en offrant à l’Irlande des « garanties » censées favoriser un « oui ».

Les Irlandais, pourtant, ont rejeté ce texte à 53,04 % en juin 2008. En droit européen, ce texte n’a donc plus de raison d’être. Les Vingt-Sept en ont décidé autrement. D’abord, entend-on, l’Europe serait ingouvernable avec le traité de Nice. Paradoxalement, c’est sous ce même traité que Nicolas Sarkozy aura réussi à faire parler l’UE d’une seule voix dans les négociations pour sortir du conflit entre la Russie et la Géorgie. Paradoxalement, aussi, dans une étude publiée par le Centre européen de Sciences Po, Renaud Dehousse et l’ancien député européen Olivier Duhamel montrent que « l’Europe continue à décider et même plus rapidement » depuis les « non » français et néerlandais, en 2005, et sous le régime du traité de Nice.

Pourtant, l’UE attend des Irlandais qu’ils livrent une « feuille de route » pour la ratification. La Constitution irlandaise nécessite en effet qu’un référendum se tienne pour la ratification d’un nouveau traité européen. La voie envisagée est donc celle d’un nouveau vote, au second semestre 2009. Francis Wurtz, président du groupe GUE-NGL au Parlement européen, s’interroge : « Comment les Irlandais prendraient-ils le fait de devoir revoter sur un texte qu’ils ont déjà rejeté ? »

L’adoption du texte est devenue un casse-tête politique et juridique. Du coup, certaines « garanties » sur l’avortement, la souveraineté et la fiscalité pourraient être données aux Irlandais pour les inciter à glisser le « bon » bulletin dans l’urne. Affaiblir le camp du « non » au mépris de la démocratie, voilà l’objectif poursuivi. Et le gouvernement irlandais sait bien qu’il se place ainsi en porte-à-faux par rapport à ses citoyens.

Les conséquences de ces dénis démocratiques répétés sont graves, tant en politique intérieure que sur la scène européenne. Ils interrogent sur le sens de l’Union européenne qui inscrit pourtant, dans tous ses traités, que la démocratie fait partie de ses fondements. Ou encore, ils interrogent lorsque les partisans du traité de Lisbonne expliquent qu’il rendra l’Union plus démocratique, mettant en avant, par exemple, la création d’un droit de pétition. Mais quel crédit lui accorder quand le vote des Irlandais et, avant eux, des Français et des Néerlandais n’est pas respecté ?

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