dimanche 28 juin 2009

« Body minute » : 5 filles et une révolte


Elles s’appellent Anne-Sophie, Céline, Emmanuelle, Priscilla et Sophie, 5 jeunes femmes travaillant dans un milieu où « syndicalisme » est un gros mot. Elles sont esthéticiennes dans un de ces boxes de la galerie marchande d’un grand centre commercial Villeneuvois. Elles ont fait, samedi dernier, un truc qui a fait évènement : elles se sont mises en grève et ont manifesté sur leur lieu de travail.

Elles en ont juste eu marre de ne pas être respectées, que leur patronne ne réponde pas à leurs courriers, à leurs demandes d’explication. Alors elles se sont prises par la main et sont allées voir l’Union locale CGT. Pour dire qu’elles ne voulaient plus se laisser faire…

Elles ne font pas une théorie économique de leur histoire. Elles sous estiment sans doute la logique profonde de ce monde ultralibéral et ultraexploiteur des franchisés. Elles trouvent quand même bizarre, alors que la boite tourne bien, de gagner moins qu’il y a 2 ans, qu’on modifie unilatéralement leur contrat pour remettre en cause leurs primes. Elles veulent qu’on leur verse les indemnités maladies pour lesquelles elles ont cotisé. Elles n’en peuvent plus d’une amplitude horaire de 10h à 21h avec des pauses qui ne leur permettent pas de rentrer chez elles. Parce qu’elles aiment leur boulot, elles ne supportent plus non plus d’utiliser des procédures pour lesquelles on ne les forme pas, et d’être complices d’autres tromperies de la clientèle.

Et puis surtout elles n’acceptent plus les humiliations quotidiennes et le refus de dialogue de leur directrice. Alors, samedi, soutenues par quelques militants de la CGT, du Front de Gauche et du Parti Communiste Villeneuvois, elles ont bravé les interdits, se sont mises devant leur vitrine et se sont adressées à leurs clientes, récoltant nombre de témoignages de sympathie.

La directrice est venue. Sans un regard pour ses employées, elle n’a parlé qu’avec les vigiles de la galerie embarrassés face à cette situation très inhabituelle. Peut être qu’Anne-Sophie, Céline, Emmanuelle, Priscilla et Sophie devront encore un peu attendre pour qu’on reconnaisse leurs droits. Sans doute que leur « manif » ne sera pas l’évènement social de l’année, mais il est certain que, sans le vouloir, elles donnent une petite leçon de courage et de dignité qui fait du bien... d’abord à elles mêmes.

Marc Delgrange

Brigade anti- vieux 2