La mobilisation de la rue ne faiblit pas malgré la répression. Au sein du pouvoir, des divisions semblent émerger, des conservateurs et des religieux critiquant désormais ouvertement l’attitude du gouvernement.
Alors que la contestation ne cesse de monter en Iran contre le résultat des élections, Mahmoud Ahmadinejad fait comme si de rien n’était. Il est même parti, comme président de la république islamique, à une conférence économique à Iekaterinbourg (Russie), où il n’a pas fait une seule déclaration concernant la situation de son pays. Il a tort. Car le mouvement de protestation prend une telle ampleur qu’il pourrait bien atteindre un point de non-retour, malgré la violence de la répression qui commence à se développer. L’annonce d’un possible recomptage, là où il y a eu contestation du vote, montre les tergiversations du pouvoir. Le Guide suprême, Ali Khameneï, semble lui aussi sur la défensive. Lundi, ils étaient près d’un million à défiler dans les rues de Téhéran. La mèche qui a été allumée brûle maintenant dans la plupart des grandes villes iraniennes. À Machhad (nord-est), la deuxième ville du pays, un appel avait été lancé pour une manifestation mais la présence massive de la police anti-émeute et des bassidjis (milice islamique) a dissuadé les gens d’y aller. À Ispahan (centre) des manifestants pro-Moussavi sont descendus dans la rue lundi soir. Certains ont brûlé des motos de la police et des véhicules devant le bâtiment de la télévision d’État. À Shiraz (sud), des incidents ont eu lieu et plusieurs personnes ont été arrêtées. Dans certains quartiers de la capitale, des barricades ont été érigées. Signe que quelque chose de nouveau est en train de se produire, aux quatre coins du pays les habitants, aux alentours de 21 heures, se mettent à crier « Allah akbar » (« Dieu est grand »). Une phrase en apparence religieuse mais qui, en réalité, est plus profonde. Cet acte remonte à l’époque d’avant la révolution islamique, quand l’ayatollah Khomeiny avait engagé les citoyens à monter sur leur toit chaque soir et à pousser ce cri contre le régime impérial du chah. De même, des concerts de klaxons sont entendus tous les soirs et après-midi dans des quartiers de plusieurs villes du pays.
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