NUCLÉAIRE : « L'HUMAIN D'ABORD ! »
Au delà de l'émotion qu'il suscite, le drame vécu par le Japon depuis le 11 mars 2011 nous oblige à une réflexion sans tabou.
Nous sommes émus par les épreuves que traverse le peuple japonais, victime d'une catastrophe naturelle terriblement meurtrière, suivie d'une catastrophe qui ne doit rien à la « nature », et dont les conséquences seront certainement très douloureuses. Personne à l'heure actuelle ne peut prévoir quelle sera l'ampleur de la contamination, mais il est clair que des matières radioactives sont en train de se répandre dans l'atmosphère, dans l'eau douce, sur les sols, dans l'océan, et que rien ne les arrêtera. Il est déjà certain que dans les prochaines années des Japonais vont mourir de divers cancers, et que naîtront des enfants porteurs de malformations. Dès maintenant et pour une durée indéterminée des paysans ne peuvent plus cultiver leurs champs, les produits de la mer sont dangereux, l'eau est impropre à la consommation.
L'enchaînement de circonstances qui mènent à ce désastre montre bien qu'aucune technologie ne peut être considérée comme totalement sûre, même dans un pays de très haute compétence technologique. Alors il nous faut remettre en question certaines de nos convictions. Certes on peut croire que le risque sismique est moins important en France qu'au Japon, que les centrales françaises sont plus sûres que les japonaises, qu'on peut encore améliorer la sûreté avec des dispositifs techniques et une gestion qui ne serait pas soumise à l'impératif du moindre coût. On peut être certain qu'un contrôle démocratique limiterait les risques. Il n'en reste pas moins que le risque zéro n'existe pas.
La radioactivité n'est pas un danger comme un autre
Nous devons rappeler avec force la spécificité de la radioactivité : c'est un phénomène sur lequel nous n'avons pas de prise, nous ne pouvons qu'attendre qu'elle décroisse. Cette décroissance est plus ou moins rapide selon les éléments. On la caractérise par la « période », c'est-à-dire la durée nécessaire pour que l'activité de la substance soit divisée par deux. Elle est de 8 jours pour l'iode, 30 ans pour le césium, et 24 000 ans pour le plutonium, les trois principaux radio-éléments qui s'échappent des réacteurs détruits par le séisme. Cela promet encore bien des dégâts, à Fukushima et sur l'ensemble de la planète, puisque ni les nuages ni l'eau des océans ne connaissent les frontières.
Alors quel choix ?
Alors devant des dommages aussi graves, irréversibles, planétaires, que pèse une hypothétique indépendance énergétique de la France ? Ou un prix de l'électricité nucléaire considéré comme peu élevé, tant que l'on sous-estime les coûts de la recherche, de la gestion des déchets, du démantèlement des centrales, ou encore des assurances, puisqu'aucune compagnie ne garantit les sinistres nucléaires ? Cette logique économique est indécente. Le choix n'est plus entre poursuivre ou non dans la voie du nucléaire. L'indispensable débat doit porter sur les scénarios possibles pour vivre sans le nucléaire, étant entendu que l'arrêt ne peut être brutal et immédiat. C'est un impératif de civilisation, c'est la vision du progrès que nous devons porter !
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