Des sans-abri meurent de froid mais, pour la ministre du Logement, ils en sont responsables, eux qui ne veulent pas être contraints à la promiscuité des dortoirs d’urgence. Un malade meurt faute de place et de moyens dans les hôpitaux mais, selon la ministre de la Santé, ce sont ces personnels, ces urgentistes qui tirent la sonnette d’alarme depuis des semaines, qu’il faudra mettre en cause. On pourrait encore rappeler Rachida Dati clouant au pilori - et bien à tort - les magistrats de Metz, après le suicide d’un jeune détenu.
C’est devenu une règle pour ce gouvernement : il provoque des drames par son ultralibéralisme mais il ne s’en reconnaît jamais coupable ni même responsable. Le silence assourdissant de Nicolas Sarkozy, alors que, jour après jour, le bilan des attaques de l’armée israélienne contre Gaza s’alourdit, est de la même veine.
Il n’a pas même l’excuse d’avoir la tête tournée par les rythmes de samba ou les charmes de Bahia. Depuis des mois, Tel-Aviv proclame ses intentions belliqueuses et freine les perspectives d’une paix durable. Depuis des années, les autorités érigent un mur de la honte et de la ségrégation. Sans sursaut d’indignation de l’Élysée.
« Ils n’y sont pour rien »… C’est le refrain que les ministres s’apprêtent à entonner lors des traditionnelles cérémonies des voeux. Ils ont imposé l’entière liberté des capitaux et ont fait des marchés financiers les grands ordonnateurs de la vie économique, mais ils n’auraient rien à voir avec la crise économique. Ils ont prôné, comme aux États-Unis, la « survie à crédit » pour les milieux modestes, mais cela n’aurait aucun rapport avec les subprimes. Ils ont livré la construction des prisons au privé mais, quand ça disjoncte et paralyse une maison d’arrêt à Mont- de-Marsan, les amis de François Fillon détournent les yeux. Ça n’a aucun rapport, sans doute…
L’année 2009 nous est présentée sous les auspices les plus sombres. Et là encore, personne n’y pourrait rien. L’addition des frénésies de profits des grands de ce monde va nous être présentée comme si cela allait de soi. Il faudrait en sus payer pour les remettre à flot et relancer ce manège infernal, en courbant l’échine avec déférence Eh bien l’Humanité s’attachera à désigner l’origine des maux, à nommer leurs responsables, à donner la parole à ceux qui résistent et cherchent les voies pour changer la vie. À vos côtés pour construire une belle et bonne année.
Patrick Apel-Muller, Huma 31 décembre
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